Une pleine adhésion !
Alors que l’été nous a inquiété par ses excès climatiques, économiques, politiques, nous avons repris le chemin de nos classes… A entendre les médias, serions-nous les derniers des Mohicans ? Les quelques derniers utopistes ? Ou de grands naïfs ?
Eloignons-nous de ces zones sombres et décourageantes pour nous tourner délibérément vers ce qui fait le cœur de notre métier qui certes a changé et continue d’évoluer mais qui nous met en mouvement encore.
Chaque année est différente, chaque semaine et chaque jour ! Chaque classe a sa physionomie ! Chaque élève est porteur de surprises, de mystère !
En ce début d’année, pourvu que malgré les difficultés présentes, et elles sont là, c’est sûr, nos convictions, nos savoir-faire, notre énergie nous portent à nous appuyer sur cette pleine adhésion au sens que nous voulons donner à ce que nous faisons. Que nous puissions voir la réalité de nos vécus et l’accepter avec bienveillance et objectivité.
Tout ne sera pas parfait, il y aura déjà des « accrocs » à ce que nous voulions proposer, des erreurs, des maladresses dans l’organisation, la communication, la relation… Mais si nous les « voyons » nous pouvons alors les comprendre, relativiser leur portée, compenser les dégâts et réaffirmer que nous ne sommes ni des super héros, ni de piètres enseignants. Nous avons à la fois à maintenir une posture solide qui sécurise, met en confiance, montre le chemin et quitter une autre faite de surplomb et d’arrogance. Il nous faut en nous-mêmes garder confiance en ce que nous pouvons faire, voire ce que nous pourrions améliorer et accepter nos propres limites. Elles sont révélatrices de nos marges de progrès.
C’est notre pleine adhésion à une école en mouvement, une école humaniste, une école inclusive qui nous anime. Ce ne peut-être un « oui mais » … qui est déjà un non, qui dicterait nos discours et nos actes. Il nous est permis, certes, de questionner l’état des moyens et des ressources. Il nous est donné de faire du mieux que nous pouvons pour que cette école inclusive impacte, qui sait, un vrai projet de société.
Il y a ce qui est de notre ressort personnel et en équipe : là où nous pouvons au quotidien vivre au mieux avec l’aide de tous les élèves cette prise en compte de vies moins faciles, plus vulnérables et toutes aussi importantes et légitimes. Surveillons ensemble nos discours, regardons ensemble ces petits dérapages qui nous entrainent à douter et à chercher des responsables (c’est sûr, de toute façon, il y en a !). Epaulons-nous au mieux pour surmonter les difficultés qui se présentent.
Il y a ce qui n’est pas de notre ressort et nous ne pouvons y opposer que notre capacité collective à mener des projets, à entrainer nos élèves dans des dynamiques collectives de progrès humain, relationnel, scolaire. Nous ne pouvons travailler que des relations de confiance avec l’ensemble des parents et développer une réelle attitude d’écoute qui prenne en compte leurs attentes, qui permette de dire les angoisses, qui favorise un cheminement commun auprès de l’enfant, auprès de l’élève.
C’est donc en cette rentrée, plus que jamais, une pleine adhésion à l’école inclusive qui nous est demandée car c’est cette école qui vient bouleverser les vieux schémas de classement, de normalisation, de catégorisation. Elle travaille à un collectif qui va grandir tout au long de l’année, qui va développer des stratégies d’aides mutuelles, de reconnaissance de toutes ses forces et ses fragilités. C’est le moment d’ouvrir avec nos élèves le pari d’un projet d’année où chacun progressera sans écraser, aidera et sera aidé, sera enthousiaste des apprentissages réalisés, trouvera du sens à sa vie d’écolier, de collégien ou de lycéen.
Si cette voie est difficile, c’est pourtant elle aussi qui renouvelle le métier et nous invite à nous dépasser, à chercher un autrement plus respectueux, plus fraternel et plus porteur d’avenir !
Véronique Poutoux, 4 septembre 2022.