Des temps bien tumultueux nous secouent … Chaque bateau école tient son gouvernail, comme il peut, navigant de nouvelle annonce en nouvelle annonce …
Le cap semble être donné par les annonces présidentielles ou ministérielles mais en fonction des vents, des terres, des capitaines, des équipes, des parents, l’armada avance en rangs bien dispersés.
Sur les ponts, pourtant, chacun s’active sacrément ! Que l’on ne vienne pas me dire que les enseignants sont irresponsables, n’assurent pas leur service… Mais quand les injonctions sont si paradoxales, si éloignées du bon sens, comment encore et toujours garder le cap ? Oui tous les bateaux doivent avoir repris tous leurs passagers et naviguer ainsi jusqu’au 4 juillet. Les équipes s’y emploient… Beaucoup sans bruit… juste sérieuses et finalement heureuses, malgré la fatigue immense, de pouvoir terminer l’année en revoyant la plupart de leurs élèves…
A force de crier haro sur l’école, celle-ci pourrait bien se disloquer … et entrainer dans sa destruction notre société qui deviendrait encore plus anomique, séparant de plus en plus les uns contre les autres au lieu de relier, de faire œuvre commune. Voulons-nous une école qui éduque de futurs hommes et femmes capables de vivre ensemble, de poursuivre le développement de l’humanité vers plus de conscience, de respect mutuel, de véritable fraternité ?… Voulons-nous saisir cette grande tempête comme la possibilité de construire une société réellement « inclusive » qui nécessiterait une école inclusive ?
Se sont révélés et se révèlent tous ces temps, les richesses, les forces mais aussi les failles, les contradictions, les limites individuelles et collectives … Se donnent à voir au grand jour les intérêts particuliers qui oublient le bien commun et la construction pourtant plus que jamais nécessaire d’un projet de société, d’un projet pour l’école !
C’est bien tout ce labeur, ces dynamiques d’équipe qui assurent le quotidien si tendu actuellement. Quand nous aurons un peu récupéré nos forces, viendra le temps d’élaborer au plus près du terrain, en équipe, le projet d’évolution de l’école. En effet, plus qu’un avant ou un après coronavirus, il s’agit plutôt de relire la traversée parcourue et d’en retirer les questions importantes qui ont surgi, les expériences intéressantes … Tout ce qui pourrait nous permettre de mieux vivre et apprendre, ensemble et différents, dans nos écoles…
Alors au-delà de tout ce tohu-bohu qui génère beaucoup de défiance que pouvons-nous retenir ? Que voulons-nous mettre en œuvre quand viendra la brise de septembre ? Le silence de l’été permettra la maturation de toutes ces énergies… Espérons qu’elles nous portent vraiment vers une belle école inclusive.
Véronique Poutoux, rédactrice en chef, 18 juin 2020.