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• Aménagements des examens dans l’enseignement supérieur

Le ministère de la recherche et de l’enseignement supérieur a publié la circulaire  qui fait le point sur les obligations des établissements supérieurs d’enseignement de mettre en œuvre les ménagements nécessaires aux examens et obtentions de diplômes pour les candidats en situation de handicap ou souffrant de troubles de santé invalidant .

On y trouve un rappel des textes et conventions internationales sur le droit à l’éducation pour tous.

La notion d’aménagements raisonnables est développée. Certaines problématiques relevées  lors de l’examen du baccalauréat ont du être prises en compte sur les aménagements du tiers temps. En effet, il est possible et recommandé de porter une attention particulière sur l’enchainement des épreuves- pas plus d’une épreuve par jour- pause repos.

Des précisions importantes sont apportées sur les taches possibles effectuées par les aides humaines.

Espérons que cette circulaire entrainera une modification des circulaires précédentes régissant les aménagements du baccalauréat.

La circulaire à lire

nor : ESRS2234137C

Circulaire du 6-2-2023

MESR – DGESIP A2-3 – MASA-MS-MC-MSP-MSAPH

• Égalité et école inclusive

Plusieurs rapports et commentaires soulignent ces jours l’importance des inégalités dans notre pays et la difficulté de l’école à dépasser les déterminismes sociaux, culturels pour permettre à chaque élève de développer le plus possible son potentiel. Le sujet de la mixité sociale est apparu mais semble déjà oublié.

Les liens entre milieu social, capital culturel  et réussite scolaire  sont avérés et donnent des chiffres qui démontrent comment notre école génère exclusion scolaire et plus tard exclusion sociale. Notre école républicaine ne met pas en œuvre le triptyque  » Égalité, liberté, fraternité ».

Pour voir les chiffres éclairants sur ce débat, vous pouvez consulter le dernier rapport publié, comme chaque année par l’observatoire des inégalités et particulièrement le chapitre sur l’éducation, et aussi le commentaire réalisé par Lilia Ben Hamouda, paru dans le café pédagogique le 9 juin 2023

Je partage avec vous plusieurs réflexions:

  • Les inégalités de destin, d’histoire, de trajectoire sont un fait mais le métier d’enseignant et d’éducateur pose comme postulat de départ de lutter contre ces déterminismes par une posture d’accueil, de recherche de compréhension de ce qui fait obstacle aux apprentissages, de ce qui limite la participation  de certains aux activités proposées, favorisant à long terme l’exclusion scolaire.
  • Les inégalités de territoire et d’établissement créent souvent à l’insu des équipes des ambitions différentes de réussite pour les élèves. Elles sont aussi liées à des pratiques pédagogiques  différentes mais toujours dans un système très académique et sélectif. L’école française navigue  entre école égalitaire et école sélective, paradoxe encombrant et clivant. Car, ne nous leurrons pas, cette école élitiste convient à beaucoup tandis que l’école inclusive  qui nécessiterait de quitter ces logiques sélectives et de privilégier une logique équitable continue de faire peur et d’être rejetée derrière un consensus politique  de façade.
  • Tout le système est encore orienté vers l’importance accordée au diplôme et ne prend pas suffisamment en compte les compétences développées.
  • Les enseignants, très nombreux interrogent  la notion de justice dans leur pratique, en particulier pour les évaluations. Les aides  nécessaires à certains  créent des débats entre élèves. La question soulevée dans un article de « The conversation » le montre bien.
  • La scolarisation des élèves en situation de handicap à l’école modifie, pas assez vite, certes, les pratiques pédagogiques. Le changement de regard, la compréhension des fonctionnements cognitifs, émotionnels, relationnels différents doit maintenant nous conduire plus loin pour modifier la forme scolaire, mettre en cause le principe de la classe d’âge et développer une logique équitable et de valorisation de toutes les compétences.  Au delà des élèves en situation de handicap, d’autres vulnérabilités d’apprendre sont bien là et  ne sont pas reconnues comme telles.
  • L’égalité est une égalité en dignité et en droits, fondement de la déclaration des  droits de l’homme et des textes qui ont suivi.
  • La médecine, comme l’école ne peuvent pas appliquer à chacun le même traitement au nom de l’égalité mais répondre au mieux aux besoins d’aide, d’assistance afin que chacun puisse participer et trouver sa place dans une société si riche de toutes ses diversités.

Bref, ne nous leurrons pas, l’école n’est pas égalitaire mais elle vise à être de plus en plus équitable et fraternelle. L’école inclusive n’est pas compatible avec une école élitiste qui privilégie des accès au Savoir réservés. Heureusement, de nombreux collègues cherchent et trouvent de nouvelles modalités et développent des accès pluriels, porteurs de motivation, de coopération et d’avenir.

 

 

 

 

• Quelles réussites au DNB pour les élèves en situation de handicap ?

Un état des lieux :

La direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance publie en mai 2019 une note d’information portant sur les résultats au diplôme national du Brevet des élèves en situation de handicap.

L’état des lieux montre que  38% des  élèves en situation de handicap, nés en 2001, ont été inscrits au DNB, 33% étaient scolarisés dans une classe menant au DNB mais n’ont pas été inscrits au DNB et enfin 29% n’étaient pas inscrits dans une classe menant au DNB; ce sont majoritairement des élèves scolarisés en établissements sanitaires ou médico-sociaux. Lorsque ces élèves sont inscrits, ils présentent un taux de réussite souvent supérieur à 85%. Ils réussissent aussi bien que leurs pairs. La majorité de ces élèves passent le DNB avec un an de retard, 40% le passent à l’heure, dans ce cas ils choisissent la voie générale. Les élèves en situation de handicap sont plus nombreux à passer la série professionnelle. Les taux de réussite sont comparables mais ils obtiennent plus souvent des mentions. Les élèves présentant des troubles intellectuels ou cognitifs, ainsi que les élèves avec des troubles psychiques passent le DNB dans la voie professionnelle. Les élèves avec des troubles sensoriels, du langage ont de beaux taux de réussite dans la voie générale.

A retenir aussi, les élèves issus de milieux défavorisés sont moins souvent inscrits au DNB et encore moins en série générale. Ils sont scolarisés plus fréquemment en ULIS ou en établissements sanitaires ou médico -sociaux.

 

 

Que penser de ces éléments ?

Tout d’abord, la désignation élèves en situation de handicap est privilégiée, continuant à notre sens  de catégoriser selon une logique médicale. Cela montre la difficulté à utiliser le concept de besoin éducatif particulier. Le lien avec la question des aides proposées n’est pas évoquée, ni celle de l’aménagement de l’examen. Très clairement, il semble difficile d’entrer dans une conception environnementale du  handicap.

Comme le montre les chiffres, les élèves avec des troubles cognitifs, intellectuels ou psychiques sont peu présentés au DNB, ou si c’est le cas, c’est plutôt dans la voie professionnelle qu’ils le sont. Cela ne traduit-il pas une certaine résignation ou un manque d’ambitions pour ces élèves ? Comment changer nos représentations ? Comment s’adapter au plus près des possibilités de chacun ? Il nous faut vraiment maintenant approfondir et rendre opérationnelles et généralisées les attestations de compétences pour rendre compte des apprentissages réalisés dans les différents contextes de scolarisation. De même, ATD Quart Monde a déjà signalé ce taux très fort de scolarisation en ULIS et en établissement spécialisé d’enfants issus de milieux très défavorisés. Nous devons exercer notre vigilance pour dépasser des a-priori stigmatisants et pour conduire des observations plus fines qui pourraient révéler une autre vision de leurs possibilités et des possibles.

Il est sur que chaque situation est particulière et la généralisation utilisée dans le langage courant, les ULIS, les élèves en situation de handicap, les BEP… occulte trop fortement les écarts entre les différents troubles, au sein même d’une typologie; les écarts entre les ULIS suivant le public accueilli; les écarts d’un établissement à un autre; les écarts entre une scolarisation en établissement scolaire ou en établissement spécialisé.

Les progrès réalisés et constatés dans ce document peuvent sembler modestes mais ils appellent à développer pour tous les élèves des modalités de réussite au DNB, à condition de proposer l’inscription; ou encore de valider des attestations de compétences valorisantes et utiles en vue d’une insertion professionnelle.

 

Lire la note : depp-ni-2019-19-16-A-17-ans-quatre-eleves-sur-dix-en-situation-de-handicap-nes-en-2001-ont-passe-le-diplome-national-du-brevet_1119131