Nous voilà dans la deuxième semaine de cette expérience inédite que nous avons à vivre, que nous aurions aimer éviter, mais qui est bien là.
Derrière cette nécessité de poursuivre l’école en dehors des murs, au sein des maisons, les enseignants s’impliquent fortement et portent vraiment le souci que les élèves soient occupés, travaillent, renvoient leur devoir. Toute une artillerie de logiciels, plate-formes diverses s’est développée, et l’harmonisation entre les différentes modalités d’envoi et de réception des devoirs doit s’améliorer.
Différents acteurs du monde de l’éducation ont publié leurs réflexions. Voir entre autres, Evelyne Charmeux qui distingue bien s’entrainer et apprendre , Philippe Meirieu qui nous rappelle que l’indifférence aux différences aggrave les inégalités…Qu’il y a bien des manières d’apprendre comme « l’expression orale et écrite, la recherche documentaire, la coopération entre élèves, et des ateliers pour savoir apprendre une leçon, réviser un contrôle ou préparer un exposé, etc. «
Premier point convergent : l’école à la maison ne peut pas être l’école. Ainsi nos voisins belges ont très bien distingué cela en indiquant que cette période était favorable aux révisions, entrainement, mais que les nouvelles notions devaient attendre. Ce temps s’inscrit dans une logique de « remédiation- consolidation- approfondissement…« Les travaux demandés aux élèves feront l’objet d’évaluation formative (sans note, est-il précisé)
Nous avons eu tendance, par souci de bien faire, à donner sans doute beaucoup de travail au début. Les directives officielles ne semblent pas trop se préoccuper des effets négatifs de cette continuité en termes d’aggravation des inégalités et de décrochage accru pour certains. Les images montrées au journal télévisé mettent en scène une famille « idéale » où chacun, parents et enfants disposent d’une pièce et d’un ordinateur… Non, les réalités sont bien différentes d’un contexte à un autre. Peu à peu, les enseignants relativisent, rassurent, prennent contact avec les familles, avec les élèves. Cela crée une relation nouvelle, espérons que ce bénéfice sera conservé ensuite.
Les enseignants spécialisés, en ULIS, SEGPA, ou réseau d’aides se trouvent en position d’accompagner leurs élèves et les enseignants avec lesquels ils travaillent habituellement et donc d’exercer pleinement leur mission de personnes ressources. Parmi quelques témoignages qui me sont revenus, nous pouvons citer :
- ULIS école: plan de travail individuel donné chaque matin, retour le soir. Liens avec les enseignants des autres classes sur les devoirs donnés pour enrichir la proposition;( histoire , SVT…)
- Ulis collège: synthèse des travaux demandés par les enseignants, liens avec eux et aménagements des travaux par l’enseignante ULIS. Liens avec les familles pour rassurer.
- Création d’un espace dédié à l’ULIS pour regrouper les travaux demandés.
- Utilisation du téléphone privilégiée car de nombreux élèves sont plus en difficulté pour naviguer sur internet.
- Ulis collège: travail donné à chacun, en fonction de sa progression pour 3 semaines. Liens réguliers avec chaque élève.
- Création de capsules vidéo avec des conseils pour les parents….
Au fur et à mesure des jours qui passent, il va être nécessaire d’améliorer ces premières propositions.
D’abord, sans doute, ralentir le rythme imposé et continuer à rassurer les familles ou élèves inquiets d’une façon individuelle. (Téléphone ou visio…) Ensuite repérer ceux qui décrochent ou qui n’arrivent pas du tout à suivre. Comprendre ce qui est en jeu. Si la famille veut coopérer avec l’enseignant, il sera sans doute nécessaire d’accorder davantage de temps de suivi individuel à ceux là mêmes. Enfin comment les liens avec les AESH se font-ils ? Comment poursuivre la collaboration habituelle dans cette période de confinement?
La plupart des supports actuellement proposés, privilégient l’écrit et remettent en difficulté les élèves qui dans le cadre ordinaire bénéficiaient d’adaptations… Les enseignants spécialisés peuvent tout à fait aider leurs collègues sur ce point, en rappelant les indications simples habituelles. Mais les supports audio sont aussi possibles et plus facilement utilisables puisque nous sommes dans un « chacun chez soi » contrairement aux habitudes scolaires. De même, les animations peuvent apporter des compléments intéressants.
Ce « chacun chez soi » renforce l’individualisation avec un certain nombre d’avantages dans le suivi de l’élève mais des inconvénients car la vie d’une classe repose sur un collectif bien vivant qui apprend ensemble. Comment développer un projet de classe, sur une thématique interdisciplinaire, mobilisant des activités créatives, qui permettrait aux élèves de garder ce sens de leur classe ? Quelques exemples possibles :
- Création d’une exposition virtuelle, dans laquelle chacun va exposer son travail…
- Création d’une radio, la question( suffisamment complexe) est lancée par l’enseignant adressée aux élèves et la plage horaire convenue pour que chacun puisse donner sa réponse…
- Organiser des groupes d’élèves qui ont un défi particulier à relever (l’avantage ici est d’apprendre aux élèves à travailler ensemble avec la médiation des outils numériques. L’enseignant spécialisé peut être sollicité comme ressource par les différents groupes en fonction de difficultés plus spécifiques des uns et des autres…)
- Réaliser un journal de classe de cette période de confinement…
C’est un moment particulier que nous vivons et qui peut nous permettre d’inventer d’autres manières de faire. La continuité pédagogique ne peut reposer seulement sur le fait de donner du travail, de le corriger dans un format si scolaire. Il est sans doute utile de distinguer dans les propositions ce qui relève de la révision, de l’entrainement, de l’exercice de la curiosité et de la découverte d’autres manières d’apprendre.
Passée cette première étape de mise en route, nous devons maintenant tourner encore plus notre attention sur les élèves les plus fragiles et renforcer les adaptations, aménagements nécessaires, les liens avec leurs enseignants, les familles. Nous pouvons freiner un peu le trop plein de travail donné et proposer des activités autres qui mettent en jeu le collectif et la créativité.
Alors n’hésitez pas à nous faire part de vos questions, de vos initiatives au profit des situations que vous rencontrez. Maintenant que nous apprenons à pas de géant à faire des vidéos, des capsules… nous attendons vos témoignages.
Pour cela, utilisez la partie commentaires ci- dessous.
Toutes mes excuses, le premier lien n’est pas valide.
Voici donc le lien vers la Circulaire 7515 (émise le 17-03-2020) sur le portail de l’enseignement en Fédération Wallonie-Bruxelles. Circulaire à télécharger en bas de la page
http://www.enseignement.be/index.php?page=26823&do_id=7768
Je suis enseignante en RA, 1ère année en poste…. j’aimerais soutenir et aider mes collègues, pour accompagner les enfants en difficulté, seulement je ne sais pas comment m’y prendre.. Que mettre en place? Comment faire pour ne pas surcharger l’organisation de ces parents qui sont sans doute déjà très pris par les devoirs et pour certains le travail.
J’aimerais avoir des témoignages d’enseignants comme moi, qui ont mis quelque chose en place, ou qui sont comme moi, un peu perdus…
je vous propose de regarder la synthèse réalisée par le service éducation incluisve de haute Garonne… voir : http://www.versunecoleinclusive.fr/2020/04/01/synthese-continuite-pedagogique-et-eleves-a-bep/
En interrogeant vos collègues, partez simplement de leurs questions et voyez comment vous pouvez plus particulièrement intervenir… contacts individuels avec des élèves, adaptations des travaux demandés… réaliser des petites capsules audio ou vidéo qui montrent des manipulations, ou donnent des explications…
Voir l’article sur des témoignages de collègues dans le Maine et Loir:
https://france3-regions.francetvinfo.fr/centre-val-de-loire/loir-cher/coronavirus-confinement-defi-ecole-domicile-enfants-troubles-cognitifs-1805348.html