Réalités de l’école inclusive

Réalités de l’école inclusive : une invitation à suivre une classe, un projet, une expérience…

• Il est encore temps…

… de farfouiller dans votre téléphone pour retrouver et nous transmettre un exemple d’inclusion touristique.

Merci à Ingrid et Véronique pour ces premiers envois sur la boite
images@versunecoleinclusive.fr 

  • Un peu d’humour et de rappel à la civilité sur la digue à Hardelot



  • Une rampe d’accès PMR à la piscine municipale d’un tout petit village
 
  • Dans le Larzac, un livret d’accompagnement de visite en braille et écriture agrandie
 

 

• Être accompagnant d’un professionnel en situation de handicap

Voici le témoignage d’une accompagnante de professionnel en situation de handicap au sein d’une école. Oui cela existe, de manière sans doute encore peu répandue mais c’est bien le signe que l’école inclusive avance aussi dans ce domaine, reconnaissant des situations de handicap parmi ses personnels. Cependant, la personne nous livre les difficultés rencontrées qui tiennent au fait de la qualité relationnelle et au manque de cadre référent pour ce type de poste. Ce tâtonnement, que nous avons maintes fois évoqué, conduit les personnes à vivre des situations difficiles qui pourraient avoir des répercussions sur les enfants. Dans le cas décrit, c’est grâce à la bonne volonté de l’accompagnante, à son souci de préserver une entente pour les enfants que l’année a pu se terminer. Mais comment se fait-il, d’ailleurs, elle s’en étonne elle-même, qu’elle n’ait pas été accompagnée et que personne ne puisse être désignée comme référent ? Cela pose bien la question de la structuration du pilotage d’une école qui avance dans ce grand flou parfois, vers des pratiques inclusives. ( Voir à ce sujet l’article: Un établissement inclusif est-ce possible ? Nous  y soulignions la nécessité d’une  gouvernance claire et responsable.)

Nous espérons que ce témoignage pourra permettre à d’autres enseignantes, d’autres équipes qui se trouveraient dans cette situation de commencer leur année en posant les bases de leur travail partagé, attentes, besoins, possibilités….

Voici donc ce témoignage:

 » J’ai occupé le poste d’APSH, accompagnant d’un professionnel en situation de handicap, sur l’année scolaire 2018-19 au sein d’une classe de grande section de maternelle.
Ce poste est intéressant car on est au cœur du quotidien des enfants à l’école, dans la découverte du travail de l’enseignant dans tous les aspects: pédagogique, logistique, tenue de classe. il faut être très attentif aux besoins de l’enseignant. même si on échange au jour le jour sur les attentes et besoins, il est intéressant d’anticiper ou de proposer une aide toujours adaptée.
J’ai cependant connu des difficultés avec la professionnelle. Il n’y avait pas de profil de poste auquel se référer, et un vide sur des référents potentiels à contacter en cas de conflit. Assez rapidement, je me suis sentie dans une situation inconfortable; cela était dû à la façon dont me parlait l’enseignante. J’ai abordé avec elle cette difficulté, elle m’a dit qu’on lui en avait déjà fait part et qu’elle ferait attention à me parler avec respect, notamment devant les enfants.
Globalement le problème n’a pas été résolu et j’ai eu la sensation toute l’année que pour l’enseignante j’étais corvéable à merci et que la limite entre l’aide que je pouvais apporter et ses demandes infinies n’existait pas. Devant l’absence de retour du Rectorat, la Directrice a fait son possible pour maintenir le dialogue entre nous, et pour apaiser les tensions. Elle a tenté d’alerter la hiérarchie.
En définitive, nous avons réussi à maintenir un minimum d’entente et de calme afin de finir l’année scolaire. Cette expérience a été enrichissante malgré tout. Je regrette que l’on ait pas eu plus de suivi pour me conseiller dans mon rôle de soutien tant sur le plan physique que psychologique auprès d’un professionnel en situation de handicap. « 

• La scolarisation des élèves hospitalisés

 

Nous recevons ce témoignage d’une enseignante spécialisée qui nous explique comment le maintien de la scolarité est importante lors des périodes d’hospitalisation joue comme un levier thérapeutique. Le travail de collaboration avec les enseignants de l’établissement de l’élève et ses parents est aussi fondamental. Nous réalisons en lisant ces lignes combien les outils numériques d’aujourd’hui peuvent faciliter le maintien des liens lors des hospitalisations. C’est aussi l’occasion d’interroger les situations des enfants qui ont des maladies qui limitent leur participation, ou qui génèrent une grande fatigabilité chez ces élèves. Comment tenons-nous compte de ces éléments ? Comment interprétons-nous les différentes absences liées à la maladie ? Quels aménagements proposons-nous ?  Écoutons donc notre collègue nous parler du travail d’équipe des enseignants auprès des élèves hospitalisés.

 

« Pour maintenir le lien avec les enseignants de l’élève hospitalisé, nous travaillons en étroite collaboration avec eux par l’intermédiaire du Bureau Numérique ou par mails via les boîtes académiques. Nous prenons le relais le temps de l’hospitalisation avant de leur passer à nouveau le témoin quand l’élève retournera en cours. Nous suivons la progression pédagogique de sa classe et faisons passer les mêmes évaluations, en tenant compte de sa fatigabilité et des traitements parfois lourds.

En hémato-oncologie, après l’accord du médecin, Skype peut être utilisé par les enseignants   pour un cours individuel  donné à un élève en chambre stérile. Dans ce cas les plus grandes précautions s’imposent : l’élève doit bien sûr accepter cette intrusion de la caméra dans sa maladie et l’enseignant doit être préparé aux stigmates de la maladie comme la perte des cheveux ou le gonflement du visage.

Dans ce service, nous travaillons en collaboration avec le collectif  « Mon cartable connecté » (m.moncartableconnecte.fr) pour la mise en place de cours depuis la classe de l’élève où les mêmes précautions doivent être prises.

Le cours à l’hôpital se fait « au chevet » de l’élève et instaure ainsi une relation duelle  entre l’élève et son enseignant qui représente le monde extérieur, la normalité et le monde d’avant la maladie. La scolarité lui apporte ainsi un sentiment de normalité face au sentiment d’étrangeté qu’il ressent face à la maladie. Cette » relation facilitante » et cette normalité vont créer des conditions de motivation pour favoriser les apprentissages et son combat contre la maladie. L’objectif de passer les épreuves du brevet ou du bac « comme les autres » l’aide à se projeter dans un avenir rendu incertain par la maladie.

Cette projection à travers la scolarité prend tout son sens grâce à un travail d’équipe qui va permettre une mutualisation des compétences professionnelles entre, d’une part  l’équipe pédagogique de l’établissement d’origine de l’élève et l’équipe pédagogique de l’hôpital, d’autre part l’équipe soignante qui nous laisse prendre notre place auprès des élèves hospitalisés, et  aussi les parents qui sont des leviers thérapeutiques indispensables à la scolarité à l’hôpital.

 Lorsque l’élève quitte l’hôpital mais ne peut pas retourner dans son établissement, un Service d’Assistance Pédagogique A Domicile (SAPAD) est mis en place.  Des enseignants volontaires,  en priorité ceux de son établissement, se rendent à son domicile pour lui donner des cours et ainsi lui permettre de suivre le même enseignement que les élèves de sa classe. »

 Patricia DUCHENE

Enseignante spécialisée lycée

Mise à disposition à l’Hôpital d’Enfants de Brabois

Vice-présidente de l’Aiscobam (Aide Scolaire Bénévole Aux Adolescents malades)

 

Voir aussi l’article  » Les bracelets rouges »

• Chasseurs d’images (d’inclusion): premiers trophées

Merci pour vos contributions ! Cliquer sur une photo pour agrandir et voyager d’une image à l’autre.

Vous qui suivez le site depuis toute la Francophonie ainsi que de nombreux autres pays, je suis sûr que vous avez dans votre quartier des situations d’inclusion à photographier et à partager !

Vous pouvez toujours participer en envoyant vos photos à l’adresse images@versunecoleinclusive.fr

• Les bracelets rouges

C’est le titre d’une série télévisée diffusée actuellement, le lundi soir*. Elle met en scène des adolescents hospitalisés longuement, en raison de maladies qui nécessitent un suivi, des traitements, des rééducations. L’intérêt, me semble-t-il, réside dans la mise à jour de ce que peuvent ressentir ces jeunes, des questions essentielles, existentielles qui les traversent, des sentiments et émotions qui les habitent vis à vis d’eux-mêmes, de leurs parents, des autres copains qui partagent ce même quotidien.

J’ai retrouvé personnellement dans leurs phrases, dans leurs questions celles de ma sœur Marie qui a dû aussi à son époque, vivre des périodes d’hospitalisation qui la coupaient de l’école, de son lieu ordinaire de vie et qui à terme, l’ont exclue d’un parcours scolaire, du fait des nombreuses absences, de la fatigue, des effets des traitements.

Comment, dans nos établissements, prenons-nous en compte ces jeunes  qui éprouvent dans leur corps, douleurs, ou encore, dans leur tête et leur cœur des questions comme : si j’ai encore 6 ans à vivre, alors qu’est ce que je vais faire de ces années? Puis-je me rendre utile ? Ma vie aura-t-elle servi à quelque chose ?

Comment ne pas les porter « absent » comme nous le faisons, sans distinction d’un cas de grippe, ou mal de ventre, ou encore d’un petit arrangement familial ? Mais les logiciels, ne vont pas souvent dans la subtilité, et heureusement, il y a des CPE , qui eux savent et donc pourraient faire en sorte que ces absences  ne soient pas si indifférenciées.

Comment tenir compte de la fatigue vécue, de tout ce monde intérieur devenu si riche de par l’épreuve traversée? Pour eux aussi, il s’agit sans doute de se demander s’il ne convient pas de cibler des priorités. Ces jeunes malades ont bien des besoins particuliers qui nécessitent des ajustements et adaptations pédagogiques.

Comment maintenir le lien avec la classe, les copains ? Cela est tout à fait possible et peut fédérer une classe, la souder, lui permettre de dépasser une vision parfois limitée des enjeux de la vie.

Comment aussi mieux accompagner par une présence d’adulte des soins que les jeunes ont appris à faire car ils bénéficient la plupart du temps d’une éducation à la santé et d’un développement de leur autonomie ? Parfois, c’est juste du bon sens… être là pour que la vie soit plus facile.

Des associations qui regroupent les parents de ces enfants peuvent nous renseigner, nous apporter des compléments d’informations afin de mieux comprendre telle ou telle maladie en jouant de différentes modalités d’animation. C’est le cas d’une association qui suit des jeunes atteints de diabète et qui propose une pièce de théâtre: « les iles désertes et les éclipses »

*la saison 2 de la série est diffusée sur TF1

• L’enquête ULIS, suite : Le coordonnateur entre personne ressource et expert

Comme nous vous l’annoncions,  voici le deuxième volet de l’analyse de l’enquête ULIS. Il s’agit ici des réponses qui traitent de la question de la perception qu’ont les coordonnateurs ULIS de leur rôle de personne ressource et d’expert de l’enseignement spécialisé.

Enquête ULIS Éléments quantitatifs.

L’enseignant coordonnateur entre personne ressource et expert de l’enseignement spécialisé.

– Les relations au sein de l’établissement.

– Les relations avec les partenaires .

– Quelles mises en œuvre ? Quelles avancées ?

– Quelles améliorations à apporter ?

• Une matinée de réflexion avec des enseignants, des parents sur l’école inclusive.

Une belle occasion de réfléchir ensemble sur les évolutions qui nous ont conduit de l’enseignement spécialisé à l’école inclusive avec des enseignants d’école, de collège, des parents de la région d’Orléans.

Voir la vidéo :https://www.youtube.com/watch?v=JjuAllDFCA0&feature=youtu.be

• Option Langue des signes et projet culturel

Depuis 3 ans, une option Langue des Signes Française a été ouverte pour les élèves de 1ère et de terminale au lycée Assomption Bellevue, La Mulatière.

Au rythme de 2h par semaine, sur un cursus de 2 ans, un petit groupe d’élèves (entre 10 et 12) est formé aux bases de la LSF[1] (Niveau A2 du CECRL[2]).

Cela leur permet de présenter l’option facultative de LSF au baccalauréat et ainsi de gagner de précieux points qui peuvent faire la différence.

Mais au-delà de la rentabilité en termes de points, c’est surtout la dimension humaine et culturelle qui motive les élèves.

Grâce à la LSF, ils découvrent un monde dont ils ignoraient l’existence, celui des personnes Sourdes. Elles sont là, pourtant, parmi nous, nombreuses à Lyon, mais invisibles, tout comme leur différence qu’elles n’aiment pas qualifier de « handicap ». Plus qu’une langue, les élèves sont amenés à découvrir l’identité d’un peuple, qui s’est forgée autour de leur histoire et de leur culture

Dans le cadre de cette option, un projet artistique, linguistique et culturel est mené depuis 2 ans avec le groupe des terminales : Il s’agit de réaliser un clip de « chantsigne ».

Le chansigne est une forme d’expression artistique qui consiste à exprimer les paroles d’une chanson traduites en langue des signes au rythme de la musique de cette chanson. Dans ce projet, les élèves choisissent ensemble une chanson, en traduisent le texte, ils se mettent en scène, filment et montent un clip vidéo de leur travail.
Le projet a été réalisé par Madame Carole Chabannet, professeur documentaliste au Lycée Assomption Bellevue, avec les élèves qui ont choisi cette option.

Voir leurs premières réalisations :

Bravo à tous et merci aux artistes qui ont accordé leur autorisation pour l’utilisation des enregistrements musicaux !

[1] Langue des signes française

[2] Cadre Européen commun de référence pour les langues. Niveau A2 : débutant, communication simple.

• Co enseignement Mathématiques, Ulis en collège

Je suis enseignante en mathématiques depuis de nombreuses années et coordonnatrice ULIS depuis 5 ans.

La question suivante m’a servi de fil rouge :

« Lorsque des jeunes arrivent en sixième tout en bénéficiant du dispositif ULIS, quelle est la meilleure façon d’organiser pour eux l’enseignement en mathématiques ? Afin que ces élèves améliorent leur efficience, renforcent leur apprentissage, tout en étant considérés comme des collégiens à part entière…./ …

Lire  Co enseignement Maths Ulis

• Organiser les aides en classe

L’école inclusive est une école de la coopération et non de la compétition.  Cette conception est présente chez de nombreux auteurs et  s’actualise à nouveau comme une pratique qui vise à permettre une participation plus active de tous les élèves aux situations d’enseignement apprentissage proposées en classe. En effet, si lors des entreprises menées par le courant de l’école nouvelle, de nombreuses expérimentations posaient ce postulat, les raisons que nous donnons aujourd’hui sont à la fois proches et se sont enrichies de nombreux travaux de recherche et de conceptions  qui ont évolué, que ce soit par l’apport sur les différents modèles de l’apprentissage, mais aussi sur les données des neurosciences cognitives.

Quels sont donc les termes qui sont en jeu ? Activité, participation, modèle socio-constructiviste, intelligence collective… Il s’agit bien de  participer ensemble à une activité proposée qui va permettre de construire des apprentissages. Si la personnalisation des parcours est une recommandation  assez reconnue par la communauté internationale pour améliorer la scolarisation des élèves à besoins éducatifs particuliers, il n’en demeure pas moins que l’école est bien un lieu de l’apprendre ensemble. Cela nécessite que chaque enseignant y consacre du temps  et réfléchisse aux stratégies possibles pour faciliter cette coopération. Sylvain Connac a largement développé ce domaine de recherches ; il montre entre autre que cette coopération aide aussi les élèves qui n’ont pas spécialement de difficulté à approfondir leurs stratégies… Tout élève peut un jour ou l’autre avoir besoin d’aide. Quand « je ne sais pas faire » que je sois « un élève BEP ou pas », je peux l’utiliser. C’est une autre vision de la classe et du vivre et apprendre ensemble  qui se développe ainsi. La stigmatisation peut s’atténuer.

Aurélie Bovin, s’inspirant de ces travaux vous propose ici son travail. Autour du tutorat, elle a réalisé avec ses élèves une charte de l’aide ainsi qu’un brevet de tuteur.
A lire pendant les vacances pour s’en inspirer et expérimenter à votre tour dès la rentrée prochaine.

A lire : Charte tutorat. Aurélie Boivin