Outils pour la formation

• Différencier, individualiser, personnaliser, coopérer…

Dans la revue Éducation et socialisation, Sylvain Connac propose un article  dans lequel il interroge ces différents termes. Il apporte ainsi une clarification combien nécessaire pour mieux comprendre  l’action pédagogique. Pour lui, il s’agit de proposer :

  • des temps collectifs d’étayage par l’enseignant (Bruner, 1983 ; Lescouarch, 2018), afin que les élèves puissent être enrôlés puis maintenus dans leur orientation par une dynamique de recherche collective, en lien avec les informations et ajustements apportés, les temps d’enseignement collectif apparaissant comme plus égalitaires et efficaces que les dispositifs qui privilégient le seul travail individualisé (Crahay, 2013) ;
  • des temps individualisés, pendant lesquels chacun poursuit le travail qu’il a engagé précédemment (Grandserre et Lescouarch, 2009) et l’enseignant investit une « table d’appui » (Forget, 2017, 2018), notamment pour soutenir les réflexions des élèves qui bloquent ;
  • une organisation coopérative du travail, par de l’aide, du tutorat entre pairs, de l’entraide ou du travail en groupe ou en équipe (Connac, 2017, Connac, 2020). Ces interactions participeraient à la qualité des apprentissages parce qu’elles aideraient les élèves à mieux comprendre et apprendre (Buchs, 2017) et complèteraient le travail d’étayage fourni par l’enseignant

Si nous partageons le modèle proposé, il nous semble toujours important d’interroger la conception des activités proposées et leur degré d’accessibilité.

A lire donc : https://journals.openedition.org/edso/13683

• Le coenseignement ? Y voir plus clair !

Marie Toullec-Théry et Philippe Tremblay publient  » Le Coenseignement : Théories , recherches et pratiques ».
Nous connaissons bien les travaux de ces deux auteurs et savons comment leur réflexion est étayée et éclairante pour les pratiques d’enseignement inclusives.

      « Le coenseignement est défini comme un travail pédagogique en commun, dans un même groupe et
dans un même temps, de deux ou de plusieurs enseignants se partageant les responsabilités éducatives pour atteindre des objectifs spécifiques (Tremblay, 2012). Cet ouvrage a l’ambition de faire un point sur ce que l’on sait déjà à propos du coenseignement, de ses intérêts, de ses avantages comme de ses limites. Le propos ne se limite pas seulement aux fondements sociohistoriques, aux définitions et aux configurations du concept, mais s’intéresse aux conditions de mise en œuvre effectives, en n’oubliant pas le travail préalable de planification. Notre préoccupation est aussi d’exemplifier cette synthèse, fondée sur des résultats de recherches, par des pratiques effectives et des discours de coenseignants, qu’ils se trouvent en France, en Suisse, en Belgique ou au Québec. »
Divisé en dix chapitres, cet ouvrage intéressera, au premier plan, les étudiants en

sciences de l’éducation, les enseignants et les directions d’école souhaitant s’engager dans cette transformation de l’École ou simplement intéressés par cette question.

A lire donc...
le sommaire met déjà en appétit…

• Les équipes éducatives : Renforcer la coopération parents, enseignants

Le cercle d’étude académique “Grande pauvreté et réussite scolaire” de Montpellier, publie en lien avec ATD Quart monde, un livret à destination des équipes et des professionnels.
Cet outil a pour vocation d’être une aide à la réflexion et à l’action pédagogique. L’attention particulière que les professeurs portent aux familles très démunies a pour effet d’interroger leurs postures et leurs pratiques professionnelles pour faire progresser tous les élèves.
Cette recherche est partie d’un constat, partagé par tous (parents et professionnels) de dysfonctionnements et d’insatisfactions lors d’équipes éducatives, et ce, même lorsque la confiance était établie entre l’enseignant et les familles.
Pour mener à bien ce travail, la démarche de “Croisement des savoirs et des pratiques© ”promue et expérimentée par ATD Quart monde a été utilisée. Cette démarche passionnante et fructueuse permet de croiser les savoirs d’expériences des parents (notamment les plus éloignés de l’école) et les savoirs d’actions des équipes et professionnels.

 

 

Pour ce faire, des temps de travail en groupes de pairs ( Parents, enseignants, autres professionnels) autour des difficultés rencontrées et de propositions à faire sont indispensables avant d’arriver aux échanges et partages entre les différents groupes, l’objectif étant de co-construire un outil à destination des professionnels (document rédigé et validé par tous les groupes)
La démarche, les réflexions partagées ainsi que les fiches actions en fin de document pourront être utiles aux équipes qui souhaitent améliorer cette coopération avec les parents, afin de favoriser pour tous une meilleure réussite scolaire.

Livret-Equipes-Educatives_ac-montpellier-ATD

• Troubles DYS : outils et adaptations à l’école

En pratique, comment faire ?
Journée des Dys, organisée par la Fédération française des Dys

Les intervenants :  Michèle Mazeau, médecin de rééducation, spécialiste des troubles du développement cognitif chez l’enfant, en particulier les dys- et troubles spécifiques des apprentissages, et Géraldine Loty, professeure des écoles.

• Au JO du 18 décembre : formation initiale des enseignants

Le journal Officiel du 18 décembre publie le cahier des charges concernant la formation initiale des futurs enseignants à l’éducation inclusive.

Les compétences communes et professionnelles sont déclinées. En voici un extrait :

Nous y retrouvons de nombreux points sur lesquels nous travaillons. Nous remarquons encore la formule: » connaître les dispositifs et structures inclusifs » avec ce terme de structure qui reste problématique.

Le principe d’accessibilité pédagogique et didactique est posé. Cela demandera d’interroger les contenus de formation dispensés dans les domaines disciplinaires. L’observation et l’analyse des tâches trouvent une place dans ces compétences professionnelles décrites. Pour rappel, voici ce que nous avons souvent développé   sur ce que les enseignants devaient mettre en œuvre pour évoluer vers des classes de plus en plus inclusives.

 

A lire et à travailler certainement pour améliorer toujours et encore la formation initiale et continue des enseignants.

Le cahier des charges à lire.

 

• Oser la pédagogie active !

L’université catholique de Louvain publie le cahier N°13-2020 particulièrement intéressant pour définir ces fameuses pédagogies actives… « Oser la pédagogie active. 4 clés pour accompagner les étudiant-es dans leur activation pédagogique ». Car, il s’agirait plutôt de parler de pédagogie de l’apprentissage actif.

Le livret est conçu pour le  niveau universitaire mais il est tout à fait pertinent et intéressant à lire pour tous les enseignants et peut nous aider à nous interroger sur nos pratiques.  Sa lecture est facile tout en posant des principes connus  de nombreux enseignants mais ce  cahier a le mérite de formaliser une formule parfois « fourre-tout » derrière laquelle chacun peut mettre ce qu’il veut. Par exemple, travailler en plan de travail individualisé peut  contribuer à rendre actif l’apprentissage de l’apprenant mais peut aussi comporter des inconvénients dans l’isolement possible, le manque d’interactions et le rapport au sens de l’apprentissage en cours.

 

Et si la pédagogie active peut sembler aller de soi pour certains,  ce dossier peut fournir une belle base pour analyser ses pratiques replaçant au centre la question de l’activation cognitive. Ainsi les  manipulations souvent proposées à l’école élémentaire sont utiles certes, mais  peuvent seulement sembler mettre en activité les élèves, car si elles ne sont pas assorties d’une activation cognitive, elles ne suffiront pas pour que l’apprenant construise son apprentissage.

Le modèle ICAP ( mode interactif, mode constructif, mode actif , mode passif ) est très éclairant. Soyons attentifs à ne pas nous contenter des seuls modes passif et actifs ( en superficialité) qui constituent un des motifs d’une exclusion qui s’opère silencieusement dans nos classes et qui ne stimule pas assez les élèves à besoins éducatifs particuliers, les laissant dans leur zone  de répétition.

A lire et à réfléchir.

De plus le document est jalonné de QR codes qui renvoie à des capsules vidéos ou des approfondissements.

• Des parents invisibles : l’école face à la précarité familiale

Nous rappelons que l’école inclusive est une école qui tente de ne plus exclure et qui scolarise tous les enfants en répondant au mieux aux besoins de ceux qui pour quelque raison rencontrent des difficultés à l’école.

La précarité, grande précarité, renforcée par cette crise sanitaire est soit totalement présente dans les écoles, soit étrangement ignorée.

Dominique Glasman, propose dans la Revue française de pédagogie, un article qui répondra à de nombreuses questions de terrain sur ces « parents invisibles » que nous cherchons tant à rencontrer. Il propose l’analyse du livre de Pierre Périer « Des parents invisibles, l’école face à la précarité familiale. »(PUF 2019)

A lire, si nous voulons mieux comprendre ce qui se joue pour ces parents.

« Il s’agirait moins de former cadres et enseignants aux «techniques de communication» avec les parents qu’à l’analyse et la compréhension des positions, des logiques, dans lesquelles sont pris les parents, et en particulier ceux des milieux précaires. Ceux-ci souhaitent la réussite de leurs enfants et vivent souvent dans des conditions qui, en dépit des invitations, des appels ou des injonctions de l’école, rendent très difficile d’y répondre ; ils se sentent démunis pour le faire, et n’ont plus, pour se préserver, que la solution du maintien à distance, faisant d’eux des «parents invisibles».

L’article de Dominique Glasman

• Une expérience de coordonnateur d’éducation inclusive sur plusieurs collèges

Voici l’entretien réalisé avec notre collègue Christelle CC qui est titulaire d’un poste d’enseignante coordinatrice pour l’éducation inclusive partagé sur plusieurs collèges de l’enseignement privé sous contrat du bassin d’Annecy. Il y a ici un sujet très intéressant pour répondre aux besoins des enseignants et des élèves. Ce qui nous montre que le collège inclusif ne se définit pas  par le fait d’avoir une ULIS ou une SEGPA mais plutôt par le souci partagé de répondre au mieux aux besoins éducatifs particuliers des élèves en accompagnant les enseignants  et l’équipe. La réflexion menée collectivement pour  trouver une stratégie de moyens  devient alors opérante. A lire absolument.

• Entre continuité et ruptures, le lycée inclusif plus que jamais nécessaire !

En effet, entre la réforme qui se poursuit cette année et la gestion de la crise sanitaire, la mise en place de la continuité pédagogique, quels sont les éléments qui avancent dans le sens de parcours différenciés  et aménagés en fonction des besoins particuliers de certains lycéens. Des questions très simples  interrogent ce niveau de la scolarité quant à sa capacité à s’inscrire dans un système scolaire inclusif.

Par exemple, pourquoi n’y-t-il que très peu d’ULIS en lycée général et technologique ? Pourquoi ces dispositifs sont-ils réservés aux lycées professionnels ? Si un élève est orienté dans la voie générale et technologique alors c’est qu’il doit s’adapter à ce qui lui est demandé , ce qui n’est pas l’orientation donnée à l’école( dans son sens générique) inclusive qui doit s’adapter aux élèves et prendre en compte les besoins éducatifs particuliers de certains élèves.

Qu’avons-nous appris du confinement qui va dans le sens d’un lycée, toutes voies confondues, qui engage des pratiques plus inclusives ?  Les enseignants ont été extrêmement attentifs aux difficultés rencontrées, ont prodigué de nombreux encouragements et se sont interrogés sur la pertinence des évaluations habituelles. La mise en confiance, le prendre soin ont pris plus d’ampleur et sont les bases nécessaires pour que chacun puisse apprendre, tout particulièrement lorsque le sentiment de compétence est peu sûr avec une image de soi assez négative. Certains élèves d’ailleurs se sont sentis mieux dans cette scolarité à domicile, ne sentant plus peser sur eux le regard des autres qu’ils perçoivent comme dévalorisant et a contrario, recevant les encouragements de ses professeurs. L’attention aux difficultés  donne des indicateurs sur les obstacles que peuvent rencontrer des élèves. L’explicitation plus grande accordée par les différents moyens est une première approche de l’accessibilité pédagogique.  Enfin il a fallu cibler des priorités quant aux évaluations et donc clarifier davantage les objectifs recherchés, les expliciter là aussi. Le dégagement de toutes ces zones implicites  habituelles , non vues en présentiel, se retrouve mis en lumière par la distance.

La réforme quant à elle dans ses finalité, recherche à proposer des parcours individualisés, reposant sur un choix et une orientation qui se doit d’être accompagnée. L’évaluation est aussi interrogée par la mise en œuvre du contrôle continu. Cela peut ouvrir la porte à un travail déjà mené en lycée professionnel sur la reconnaissance de niveaux de maitrise atteints dans telle ou telle compétence. Ces attestations de compétences doivent pouvoir se développer aussi en lycée général et technologique et permettre ainsi à des  lycéens aux profils cognitifs atypiques de pouvoir valider tout ou partie du baccalauréat. La réforme interroge aussi l’organisation de la « classe » en tant que telle et appelle une modularité et flexibilité plus grande.

Vous souhaitez approfondir cette réflexion, vous pouvez visionner la vidéo qui a été réalisée par Jean-François Gatineau de la Direction Diocésaine de Nantes qui m’invitait à plancher sur ce sujet début octobre. Voici le lien de la vidéo qui a été ainsi réalisée et diffusée auprès des chefs d’établissements des lycées de la région nantaise: https://youtu.be/l2eYwVjCLr0

Nota bene: quelques passages ne sont pas très bons au niveau de la qualité du son… soyez persévérant ! Merci de votre compréhension.