Comment ne pas désespérer des résistances toujours à l’œuvre quand il s’agit de changer, de transformer l’école pour qu’elle aille de l’avant, qu’elle soit de son temps et prépare autant que faire se peut des enfants, des jeunes à leur avenir ? Ceux-là mêmes, qui à leur tour prendront leur place dans une évolution qui semble tant s’accélérer que nous avons du mal à penser et campons sans doute sur nos peurs.
Comment ne pas être en colère quand enfin de l’autonomie est donnée aux établissements pour qu’ils puissent répondre mieux aux besoins des jeunes ? Sous la bannière de l’inégalité qui en résulterait, c’est comme un refus de voir que l’école n’est pas égalitaire et que nous pourrions choisir d’aller vers un progrès pour tous si nous décidions de viser une école équitable, qui développerait les talents divers et sortirait d’un formatage garanti par la tradition.
Comment ne pas voir que nous peinons à donner un projet pour l’école car nous ne savons pas lequel dessiner pour notre société ? Que nos pensées se bloquent en idéologies qui séparent, et creusent des tranchées…. Combien de temps encore avant que nous réalisions qu’il y a urgence à penser au delà de nous, à mobiliser une créativité éducative, pédagogique, systémique ? Certains préfèrent s’enfouir sous les barricades des process administratifs et l’immobilisme passéiste.
Et pourtant, je le crois, je le vois, sur le terrain, il y a des équipes qui inventent, qui osent se saisir des marges de manœuvre possibles pour que de la diversité des situations, des élèves, de leur histoire, de leurs difficultés parfois, naissent d’autres chemins d’apprendre, de penser,de créer. Le plaisir de faire, de vivre ensemble est au rendez-vous …
Alors que le nouveau socle dont nous vous donnons déjà sur le site un outil de présentation et d’analyse, améliore la cohérence, le pilotage de l’enseignement pour les enseignants et pour les équipes, la confusion est là entre réforme du collège, nouveaux programmes et nouveau socle. Comme une paresse à aller chercher, à réfléchir vraiment et une facilité à battre le pavé et décrier tout ce qui touche à l’école élitiste et excluante de notre antiquité.
Ré entendons encore ces lignes d’ H. Arendt …
« C’est également avec l’éducation que nous décidons si nous aimons assez nos enfants pour ne pas les rejeter de notre monde, ni les abandonner à eux-mêmes, ni leur enlever leur chance d’entreprendre quelque chose de neuf, quelque chose que nous n’avions pas prévu, mais les préparer à la tâche de renouveler un monde commun. »