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• Fiches conseils d’accompagnement des parents en période de confinement

  • Des équipes de l’hôpital Debré, en particulier le service Mère/enfants, ont mis en ligne des fiches conseils pour accompagner les parents, les adultes,  dans cette période de confinement qui peut aggraver des difficultés déjà présentes ou les révéler. Les voici :
  1. Comment gérer l’anxiété des enfants
  2. Enfants avec autisme
  3. Conseils parents ado
  4. Prendre soin de soi

A diffuser en fonction des situations que chacun connaît.

• Grands-parents “fragiles” et confinés, acteurs si importants du lien familial

Les mesures de confinement ont suivi de près l’annonce de la fermeture des écoles qui a placé en avant le principe de la continuité pédagogique. Les retours des équipes avec lesquelles je travaille, montrent majoritairement un très bon investissement des enseignants appuyés par les services informatiques.

Ces nouvelles mesures qui ont suivi logiquement apportent une difficulté supplémentaire pour les familles : la rupture des liens sociaux. Les initiatives qui avaient été envisagées pour regrouper des gardes d’enfants ne peuvent plus avoir lieu par exemple… Le fait de ne plus voir ses proches, ses enfants, parents, grands-parents  est forcément vécu dans un premier temps comme une difficulté supplémentaire mais invite immédiatement à recréer les liens autrement. Je trouve en cela que l’être humain est toujours étonnant, et a tellement de ressources en lui-même.

Dans les cercles familiaux, les journées vont entrer dans un autre tempo… et permettent très certainement  de découvrir d’autres façons d’être ensemble en famille. Dans ce cadre-là et avec les moyens dont nous disposons aujourd’hui, les grands-parents doivent à la fois rassurer leurs enfants et petits enfants, trouver d’autres moyens d’être là.

Ils peuvent proposer des pauses pour les parents en donnant rendez-vous régulièrement à leurs petits-enfants… Téléphone, Skype, tous les autres moyens de communication seront bons.

Chaque jour, ou suivant les âges, tous les 2 jours, une fois par semaine… prendre un moment avec ses petits-enfants. Voici quelques idées toutes simples pour ce rendez-vous : leur faire raconter leur journée, ce qu’ils ont fait avec leurs parents, leurs frères et sœurs… mais aussi se remémorer les dernières vacances, lire une histoire, faire des jeux de mime…  raconter des devinettes…  Regarder ensemble une belle image… Pour les plus grands, leur demander des nouvelles de leurs copains. Cela peut être très court mais offrir un autre moment dans la journée, consolider d’une autre façon le lien avec eux…

Beaux rendez-vous à venir !

• Les guides du MOOC Dys

Les contenus du MOOC Dys sous forme de livres électroniques téléchargeables gratuitement.

Le MOOC Dys est une formation européenne multilingue en ligne organisée en novembre 2018. Ce programme collaboratif centré sur les troubles de l’apprentissage comporte 3 modules : un parcours commun, un module « parents » et un module « enseignants ».

Les notes de ces parcours ont été rassemblées en 3 livres distincts publiés  au format Epub (compatible avec les liseuses, mais aussi tablettes et ordinateurs pour lesquels une application devra parfois être installée).

Cette ressource comporte des liens vers plusieurs médias :
►Voir sur éduscol

 

• AESH et enseignant

AESH et enseignant
Collaborer dans une école inclusive – Grégoire Cochetel
Canopé 2019

Ce livre donne à comprendre comment les AESH participent à la prise d’autonomie de ces élèves et à la réussite de leurs parcours de scolarisation. Il montre également qu’avec les enseignants, les parents et l’ensemble des acteurs de l’école, ils travaillent à construire une école inclusive. 

Un exemple d’outil d’observation extrait de cet ouvrage :
à télécharger sur le site de Canopé

 

 

• Inférences, hypothèses, compréhension…

 

Un livret proposé en ligne par nos voisins belges et repéré par le site “Accueillir les différences” aide à discerner les différentes inférences et leur importance dans l’apprentissage de la compréhension. Des schémas lisibles et possibles à utiliser avec des élèves jeunes rendront service à de nombreux collègues. A découvrir

 

Un autre site propose aussi une démarche guidée intéressante.

https://www.bloghoptoys.fr/gestion-de-limplicite-inference-outils-a-telecharger-laider-2

• Comportements difficiles ? Troubles du comportement ?

De part et d’autre, remontent ces échos d’élèves aux manifestations comportementales qui interrogent les enseignants. Ils ne tiendraient plus en place, auraient des difficultés d’attention, de concentration, ne supporteraient pas la frustration… S’opposeraient au cadre ou résisteraient de façon passive ou agressive aux demandes de l’école… “Un nouveau peuple scolaire” est-il là ? Comme l’énonçaient déjà Michel Develay et Jacques Lévine, en 2003,  dans l’ouvrage “Pour une anthropologie des savoirs scolaires.”

Questions qui reviennent en force, semble-t-il ces temps-ci, et qui étaient déjà présentes dans les années 2000. Nous avions alors conduit un travail de recherche-action avec une équipe de l’Institut Supérieur de Pédagogie. Nous avions cherché à comprendre le vécu des enseignants, à analyser les manifestations comportementales non attendues et les réponses que les enseignants tentaient de mettre en œuvre.

Les écrits peuvent vieillir un peu ! Cependant, il nous semble utile aujourd’hui de remettre à disposition ce travail  car si la question des difficultés d’attention a beaucoup évolué, si les pratiques pédagogiques se montrent plus compréhensives et flexibles,  certains éléments de ce travail de recherche pourront poser les bases d’une réflexion à mener en équipe.

Voici les premières conclusions  que nous dégagions:

” Nous pensons pouvoir dégager des pages précédentes plusieurs hypothèses explicatives qui essaient de rendre compte des réalités évoquées et analysées et à partir desquelles nous pourrons faire émerger des axes de formation.

  • La spirale « enfermante » 

Les enseignants éprouvent des difficultés à relever des faits précis. La réalité de la classe est si mouvante, si contrastée, si rapide que ce sont les impressions qui demeurent. Celles-ci se confrontent à des attendus et des exigences variables en termes de comportement souhaité, autorisé ou limite et se transforment en micro-jugements qui, cumulés les uns aux autres, risquent de catégoriser l’élève et de le situer en dehors de la norme soit par excès, soit par défaut.

La démarche d’observation est à construire ou à renforcer en démontrant la tendance assez naturelle à transformer rapidement la réalité par le jeu des interprétations.

  • Les enseignants cherchent à comprendre ces élèves et veulent les aider 

Ils cherchent en premier les causes de la difficulté et associent facilement ces difficultés de comportement aux « déficits » des familles. Il existe un modèle éducatif dominant qui facilite la scolarité des élèves et les pratiques parentales peuvent être jugées non adéquates et expliquant ces difficultés. Il nous semble qu’une meilleure connaissance des modèles familiaux et des pratiques parentales actuelles pourrait aider les enseignants à mieux comprendre “d’où viennent leurs élèves”.

  • L’école est un lieu de socialisation qui a des attendus insuffisamment explicites et qui ne peut pas toujours tenir compte des besoins réels des enfants

En particulier, certains passages, comme la première rentrée, celle de CP, celle du collège plus tard peuvent réactiver des angoisses importantes. La question de la séparation nous semble importante à interroger dans ses conséquences éventuelles et dans les propositions actuelles de l’école maternelle.

  • Ce sont davantage les perturbations multiples, variées, répétitives qui modifient le climat de classe et peuvent finir par déstabiliser les enseignants.

La question des limites et de l’autorité dans la classe est présente. Les phénomènes de violence sont quantifiés mais ne sont pas majoritaires ; cependant, comprendre les processus en jeu est indispensable et peut donner des éléments de réponse à apporter.  

  • Les liens entre difficultés d’apprentissage et comportements difficiles 

Nous avons montré combien cette articulation est difficile à réaliser pour les enseignants. La question d’abord de l’origine : qu’est-ce qui est premier ? Est-ce le comportement difficile qui entraîne des difficultés dans les apprentissages ou bien des difficultés d’apprentissage ou des situations pédagogiques qui finissent par provoquer des difficultés de comportement. La seconde hypothèse est évoquée plus rarement.

Malgré de nombreux essais pédagogiques qui apparaissent davantage dans les entretiens, le questionnement porte peu sur les activités qui sont proposées aux élèves et les incidences qu’elles pourraient avoir sur les comportements des élèves.

Enfin, lorsqu’un élève présente des difficultés comportementales importantes, qu’elles soient sur le versant sur réactif ou sous réactif, les enseignants continuent de penser que ces élèves ne sont « pas disponibles » pour les apprentissages. L’articulation entre comportements difficiles et apprentissages demande à être comprise sous l’angle des possibilités du sujet qui apprend et sous l’éclairage de ce qui est en jeu dans la façon de « faire la classe » de l’enseignant. L’entrée dans l’écrit qui constitue un moment à risque, demande aussi à être interrogée.

  • L’enseignant est déstabilisé 

Que ce soit dans les réponses à la question « en quoi êtes-vous le plus démuni ? » ou dans les entretiens, nous avons pu observer que les enseignants se focalisent sur ces comportements et qu’ils se trouvent à leur tour en difficulté. Certains ont conscience de leurs limites personnelles, d’autres constatent qu’ils modifient leurs propositions pédagogiques, se trouvant parfois en contradiction avec leurs convictions précédentes. Les réactions de perte de contrôle sont chargées au niveau émotionnel.

Il semble nécessaire d’aider les enseignants à un travail sur eux-mêmes afin qu’ils puissent clarifier leurs attentes et exigences, prendre du recul, apprendre à se connaître dans les réactions émotionnelles possibles. 

  • Le travail en équipe 

Alors que les enseignants estiment pouvoir parler avec leurs collègues de ces difficultés, un véritable travail d’analyse et de recherche commune de propositions est rarement mis en œuvre. Les enseignants souhaitent des solutions rapides, centrées sur l’élève et externalisées. La démarche d’analyse demande à être expérimentée, entraînée. La place et le rôle du chef d’établissement sont ici déterminants ; de même l’aide possible d’un intervenant extérieur qui accompagne, pour des situations plus difficiles, l’équipe semble nécessaire.

  • La recherche de solutions à l’extérieur de l’école 

Si la prise en charge thérapeutique est indispensable pour les élèves relevant de troubles, le recours à des aides extérieures pour les autres élèves est liée au besoin de compréhension de ce qui est en jeu et au souci d’un mieux possible pour l’enfant. Cependant, la notion de partenariat est encore très floue, le travail se fait au cas par cas et non dans une dimension synergique des acteurs locaux. Il y a là des pratiques à faire évoluer en les pensant différemment, d’abord dans une logique de prévention.”

Nous proposions un schéma d’actions ( cliquez sur le lien pour avoir les indications de chaque rubrique) que nous avons  actualisé :

Enfin en conclusion, nous écrivions:

” Ces élèves interpellent l’école sur plusieurs plans :

  • La part si importante de l’implicite : implicite des comportements attendus, implicite des règles et des sanctions, implicite d’un modèle éducatif plus favorable aux apprentissages.
  • La cohérence de chaque adulte (l’adulte « incertain » dans notre société indifférenciée en position d’enseignant risque d’être en difficulté), la cohérence des adultes entre eux (entre enseignants, entre adultes de l’école, entre enseignants et parents).
  • La pertinence des dispositifs pédagogiques dans l’intérêt qu’ils peuvent susciter et dans la réponse au besoin de curiosité et de compréhension des enfants.
  • La combinaison « magique » entre individu et groupe, entre apprendre et éduquer.
  • La fin de la « solitude » du métier d’enseignant mais la confirmation d’un métier ouvert et qui se fonde en équipe.
  • L’ouverture de l’école à un travail de partenariat.

Nous voyons là, comment cette problématique appelle des modifications dans les systèmes de pensée des enseignants, dans leurs pratiques pédagogiques et dans une école qui redit clairement son cadre instituant. Pour cela, la phase de déstabilisation que les enseignants vivent par ces élèves doit être dépassée. La formation peut donner à réfléchir la complexité de leur réalité et évacuer toute culpabilisation, proposer ensuite une démarche progressive qui s’adapte aussi aux priorités des enseignants et à leurs besoins.”

Lire la recherche dans son ensemble.

• 15 ans, déjà ! Encore bien du travail !

Oui, déjà 15 ans que la loi “Pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées”, a été votée !

Qui se souvient encore du titre de cette loi ? Il faut reconnaître qu’il est bien long mais qu’il comportait par son expression une vraie transformation à réaliser pour devenir une société plus inclusive. Les termes participation et citoyenneté indiquaient ce chemin à construire pour que les lieux “à part”, les zones d’invisibilité disparaissent, que nous reconnaissions enfin que nous sommes tous concernés par la question des situations de handicap, momentanées ou définitives qui caractérisent l’humanité.

Alors, oui, il faut bien le dire, de nombreux changements ont eu lieu dont nous avons rendu compte sur le site. Nous nous sommes interrogés au fur et à mesure des évolutions et interrogé les nouvelles logiques à l’œuvre combattant en quelque sorte les anciennes. Nous avons observé ensemble ce changement de paradigme et les difficultés que cela générait.

Marquons pour cet anniversaire un temps d’arrêt pour regarder le chemin parcouru et entrevoir les étapes suivantes le domaine de l’éducation inclusive qui participe d’une société plus inclusive.

  • Création des MDPH, des enseignants référents et des équipes de suivi de scolarisation : Exit les commissions d’éducation spécialisée qui fonctionnaient parfois comme des tribunaux pour les parents, imposant à ces derniers les décisions des experts réunis avant et qui parlaient entre eux. Pour autant, ces créations n’ont pas été si simples et lisibles. Les débuts éparpillés des MDPH, leur fonctionnement « autonome » pouvait créer de nouvelles injustices d’un département à l’autre. Les enseignants référents furent submergés par la partie administrative de leur mission et ne pouvaient assurer la coordination pédagogique des suivis des élèves. Malgré leur formation d’enseignants spécialisés, l’animation et la conduite des réunions demandait une formation qu’ils n’ont pas toujours reçue. Ce fut donc une mise en œuvre conduite très rapidement. Peu à peu, ces tâtonnements ont construit une expérience qui est profitable à tous. L’élaboration du GEVASCO a permis une harmonisation des pratiques et, peu à peu, toutes les équipes avec l’aide des enseignants référents sont en capacité de le remplir et de se laisser interroger ainsi par les observations à réaliser, les données qu’ils peuvent faire émerger des évaluations scolaires. Comment aller plus loin ? Que toutes les équipes de suivi de scolarisation puissent fonctionner et prendre vraiment en compte la parole des parents et des jeunes ! Que le projet pédagogique et éducatif soit plus développé en termes d’objectifs d’apprentissage.
  • Effectifs : Les chiffres montrent bien le développement important d’élèves en situation de handicap scolarisés en établissements scolaires. Pour autant, 11 000 élèves auraient été sans solution à la rentrée 2019. Il est indéniable que comme le montre le schéma ci-dessous, l’évolution est forte et que cette présence des élèves en situation de handicap modifie l’école pour le bien de tous.
  • Évolution des pratiques enseignantes: oui, ils sont nombreux les enseignants qui peu à peu ont pris en compte ces “nouveaux élèves” et cherché, en tâtonnant, à accompagner au mieux ces parcours plus particuliers. Parmi eux, certains, et ils sont de plus en plus nombreux, ont réalisé que le regard qu’il portait sur ces élèves, l’analyse des difficultés rencontrées les conduisaient à modifier leur façon d’enseigner et que cela apportait des bénéfices pour l’ensemble de leurs élèves. ils se sont peu à peu approprié les notions de personnalisation, d’accessibilité, de transformation des modalités d’enseignement intégrant aussi les outils numériques de compensation. Ce mouvement va se poursuivre, comme si de nouveaux gestes professionnels créaient un répertoire innovant autour des situations d’enseignement/apprentissage.
  • De nouvelles connaissances: Les neurosciences cognitives nous ont éclairé sur les fonctionnements si divers entre élèves. Nous avons de nombreuses connaissances sur les mécanismes des fonctions exécutives, sur l’attention, la mémorisation et comprenons mieux  ce qui se passe dans toutes ces boîtes noires qui nous sont confiées. De même, les différents troubles nous sont mieux connus, nous donnant des éléments pour les adaptations. Toutes les découvertes sur l’autisme changent notre regard et vont permettre peu à peu de scolariser les jeunes enfants dès la maternelle. Le développement des UEM et UEEA devrait avoir lieu obligeant des partenariats entre thérapeutes, accompagnants et enseignants. Le concept de normalité pourrait-il à terme disparaître ? le doit-il ? Nous devons aussi continuer à prendre en compte la souffrance présente dans bien des situations et qui demandent des suivis thérapeutiques psychologiques. Après le “Tout psy” des années 70, nous ne devons pas tomber dans le “Tout neurologique” !
  • AVS, AESH ? AVS CO ? Aide individuelle, aide mutuelle ? la logique de droit a conduit à poser des exigences dans l’accompagnement. Pour les parents, c’est leur droit que leur enfant dispose de ces heures d’aides humaines pour faciliter la scolarisation. Pour les enseignants, scolariser un enfant en situation de handicap est possible si et seulement si, il est accompagné de son AVS. Réactions de surenchère qui, bien sûr, peuvent se comprendre, mais qui aujourd’hui doivent évoluer. Tout d’abord le projet humaniste porté par cette loi s’est heurté à un manque de moyens très important. Question toujours présente ! Que dire des errances autour du statut de ces personnes, du niveau de qualification attendu, des modalités d’affectation inégales là aussi d’un lieu à l’autre. Aujourd’hui, le statut s’est précisé mais la rentrée 2020 a montré encore des situations de ces personnels non acceptables. La récente mise en place des PIAL devrait permettre une meilleure affectation pour couvrir les besoins. Cependant, l’évolution entre aide individuelle et aide mutualisée se heurte encore à des représentations très individualistes sans comprendre que tout le monde a à gagner à penser le collectif et l’individuel dans un projet commun. La présence des AVS au sein des classes s’est aussi improvisée, bousculant le travail solitaire des enseignants, interrogeant de fait de nouvelles modalités de collaboration. Aujourd’hui, la présence d’AESH, articulée au développement des aides mutualisées va permettre de nouvelles synergies pédagogiques au sein des classes et favoriser une transformation des pratiques bénéfiques à tous.
  • PPS, PAP, PPRE, PAI, BEP ? que de sigles. La définition du handicap telle que donnée dans la loi a conduit à explorer davantage la situation de handicap. Cela a créé une augmentation très importante de demandes auprès des MDPH. Grand questionnement autour des troubles du comportement, du langage ! La dyslexie est-elle un handicap ? Non, certains élèves, avec des dyslexies sévères sont en situation de handicap quand les besoins d’aide sont importants. Mais d’autres ont besoin seulement d’aménagements pédagogiques relevant de la différenciation pédagogique/ C’est ainsi que peu à peu s’est construit cette distinction entre les différents projets possibles. Le PAI, prenant bien en compte les troubles de la santé qui demandent des aménagements et l’information de protocoles médicaux en cas de besoin.  Tous ces projets individuels renforcent des catégories et créent toute une charge de travail administratif portée par les professeurs principaux, les chefs d’établissement, les infirmières. Toutefois, nous pensons que ce passage obligé, très administratif, pourrait se simplifier si les enseignants référents avaient moins de dossiers d’élèves à suivre, si les PIAL œuvrent dans ce sens. De plus, la notion de besoins éducatifs particuliers dans son acception large, c’est à dire, l’ensemble des besoins d’aides que les élèves rencontrent dans différentes situations scolaires, devrait être partagée par tous. Il est grand temps d’abandonner l’expression” BEP” (les élèves ne sont même pas nommés !) comme remplaçant “handicap”.  La limite de la catégorisation, se trouvant bien sûr lorsque nous rencontrons des élèves qui sont “à cheval” ou limites pour bénéficier de tel ou tel projet. Il est nécessaire aujourd’hui que les pratiques pédagogiques deviennent de plus en plus différenciées, flexibles et inclusives et permettent ainsi que des parcours d’élèves soient accompagnés de façon plus souple. Cela demanderait une plus grande explicitation de la part des enseignants sur ce qu’ils mettent en œuvre et une plus grande confiance des parents à leur égard. De même, cette confiance envers le travail des enseignants doit être effective de la part de l’institution éducation nationale. 
  • Parcours, dispositifs et personnes ressources : cette fois-ci ce ne sont pas des sigles mais des mots devenus incontournables. Ce sont eux qui traduisent le mieux le changement de logiques à l’œuvre. Passage du spécialisé, à part, cloisonné, en filières, vers une responsabilité partagée par tous dans un parcours qui doit s’adapter le mieux possible aux besoins des élèves en organisant des dispositifs plus souples et en développant cette idée de personne ressource, pôle ressource. C’est ce que nous donnions à réfléchir dans l’article “Être tous ressource les uns pour les autres ?” Comment gagner encore en souplesse et mutualiser les moyens finalement, favoriser les décloisonnements possibles ? Il s’agit ici de la question de l’organisation temporo-spatiale de la vie des établissements scolaires qui doit maintenant permettre la fluidité des parcours. Nos architectures sont un frein au développement nécessaire de groupes modulables en fonction des besoins. La notion de classe d’âge toujours très présente est, elle aussi, un frein. Elle ne facilite pas des participations à des situations pédagogiques plus ajustées en fonction des besoins et non en fonction d’un âge “normal” et de programmes qui bloquent d’autres apprentissages pour certains. Il nous faut à la fois garantir la vie d’un collectif porteur de projets à vivre ensemble et les réponses à apporter pour permettre de développer tous les potentiels dans des rythmes différents et avec des chemins et des priorités différentes.  Les emplois du temps devraient se mettre au service de cette vision et obligeaient à repenser la répartition du temps de travail des enseignants.
  • Partenariats avec les établissements médico-sociaux.  Si dès la rédaction de la loi, il était envisagé de nouvelles collaborations établissements scolaires et médico-sociaux, force est de constater que peu de choses ont encore bougé. Mais nous y sommes maintenant. il y a bien un virage à prendre pour mutualiser les ressources. Plus l’établissement scolaire fera disparaitre des cloisonnements trop rigides, plus les lieux à part, dans l’école comme ils existaient autrefois, ou en dehors de l’école n’auront plus besoin d’exister. Nous passons d’une vision d’une cité scolaire quadrillée à une vision de réseaux complémentaires, collaboratifs avec des connexions variées. Véritable défi ! mais qui peut conduire, si les lourdeurs administratives, les guerres de territoire, les affrontements d’égo disparaissent, à une véritable éducation inclusive construisant alors une société plus inclusive.
  • De nouvelles avancées à la rentrée 2019, une volonté de poursuivre les transformations nécessaires. Nous avons pris connaissance de la circulaire de rentrée dédiée à l’école inclusive et à la mise en place d’un service d’éducation inclusive. qui montrent une volonté gouvernementale de poursuivre cette visée. Il s’agit de mieux prendre en compte les demandes des parents, de palier à des situations inacceptables, de s’appuyer sur l’analyse des dysfonctionnements rencontrés pour aller plus loin. Nous allons regarder de plus près comment les PIAL vont pouvoir localement mieux organiser dans des partenariats plus développés l’organisation des réponses ; comment les annonces autour de la simplification des mesures, des conditions d’aménagement des examens vont se réaliser.
  • Les lenteurs constatées durant ces 15 années passées : Il a fallu attendre 2017 pour que le diplôme d’enseignant spécialisé soit réaménagé pour tenir compte de la loi de 2005. Entre 2004 et 2017, nous avons continué à former des enseignants au CAPA SH, 2CA SH avec les jeux d’option qui n’avaient plus de sens. Le CAPPEI, ne donne pas entièrement satisfaction et pose encore des questions. Mais la mission de personne ressource de ces enseignants est reconnue. La SEGPA présentée comme une “structure” d’inclusion scolaire, ce qui est contradictoire, devrait-elle aussi être repensée dans une vision de dispositif d’aide sur le principe des ULIS, s’adressant à des élèves qui rencontrent des difficultés scolaires et un décalage important dans leurs apprentissages. De même, est attendu un texte redéfinissant les missions des RASED dans ce nouvel environnement.

Nous le voyons, ce rapide panorama nous montre des avancées certaines mais aussi combien les représentations anciennes, les attachements aux fonctionnements anciens, ralentissent le mouvement. Le manque de moyens pèse aussi, même si, quelque part, les contraintes qui en découlent obligent à être créatifs. De toutes ces initiatives, de ces avancées, de ces passages un peu ralentis, de tous les combats menés par les parents, par tous ceux qui défendent le développement de tout être humain, nous allons cependant vers une réelle école inclusive…

Juste une école qui scolarise tous les élèves et que nous n’aurions plus besoin de nommer inclusive !