Archives de l’auteur : admin

• Les SEGPA. Circulaire 2015-176

Nous vous proposons une lecture attentive de cette circulaire qui était attendue dans le contexte de l’école inclusive.

Cette circulaire confirme-telle une avancée de l’école inclusive ? Que maintient-elle? Quelles sont les nouveautés ?

Pour cela, Bénédicte Dubois vous propose une mise en forme facilitant la lecture et  le repérage des points importants; Véronique Poutoux vous propose une analyse de cette circulaire au regard des concepts clés de l’école inclusive.

Circulaire Segpa oct.2015 BD

Les SEGPA, analyse de la circulaire

. Trouver sa place, prendre sa place…

Trouver sa place, prendre sa place

Il y a un petit mois, les élèves arrivaient dans leurs établissements et se confronter à cette question : dans quelle classe suis-je inscrit ? Où est –elle ? Où dois-je aller ?

Premières questions qui normalement se résolvent facilement pour tous mais qui sont à penser de manière plus particulière pour certains pour éviter une première angoisse, celle d’être perdu, de ne pas trouver sa classe, de ne pas trouver sa place !

Une fois arrivé en classe, comment se joue l’installation de chacun ? La plupart du temps, nous laissons faire… cela permet une première assurance : être à côté d’un copain, d’une copine, ou au moins de quelqu’un que je connais un peu. Puis très vite, l’espace se réorganise… Et nous « séparons » les bavards, les remuants, les timides, les plus performants… Première réorganisation qui « déplace » et fait bouger les places. A nouveau il faut trouver sa place et pour certains encore, nouveau risque passager de déstabilisation… Qui demande une explication bienveillante, une assurance donnée par l’adulte à l’enfant qu’il continuera à exister dans ce nouvel espace.

Tout cela peut paraitre anodin, pourtant notre cerveau reptilien est très sensible à cette question du territoire et active, quand l’insécurité le gagne, le système limbique qui, à son tour, peut inhiber le cortex et empêcher de prendre sa place dans les activités proposées, l’apprentissage en cours.

Car prendre sa place en classe c’est pouvoir pour l’élève exister tel qu’il est, se ressent, se sentir reconnu, accepté par ses camarades, ses pairs et aussi par ces enseignants. Prendre sa place, condition essentielle pour pouvoir apprendre. Cela exige pour les enseignants un travail nécessaire sur ce « vivre ensemble » de la classe et sur la façon d’installer la relation avec chacun personnellement.

Prendre en compte le vivre ensemble : c’est-à-dire l’organiser, donner le cadre, donner des rôles différents, mettre en valeur les talents de chacun, permettre aussi des « mixages » d’enfants qui ne se côtoieraient pas naturellement en pensant des activités de groupe où il y ait un vrai travail de chacun. (Voir à ce propos l’excellent article de Gilbert Longhi…) Favoriser au maximum la reconnaissance mutuelle. A contrario, éviter de ne rien voir, d’ignorer les rivalités, les affinités ; la pédagogie institutionnelle si mal connue et si peu utilisée donne de vraies possibilités d’améliorer ce vivre et apprendre ensemble. Comment utiliser au mieux dans cette première période les heures de vie de classe au collège ? Pour communiquer et donc parler encore, transmettre toute une série d’informations ? Ou bien un moment propice pour apprendre à mieux se connaitre, chacun et ensemble ? Pour réfléchir ensemble et les élèves entre eux sur ce comment nous vivons ensemble ; chacun a –t-il sa place ?

Établir une relation personnalisée : c’est un regard qui est mobile. Chaque élève existe à un moment donné dans les yeux de son enseignant. C’est un enseignant qui bouge et qui vient voir chacun établit de brefs dialogues : juste une phrase, un conseil…

 

Il est encore temps de s’assurer que chacun a pu maintenant « prendre sa place » et s’y sent bien. Sans cela, c’est l’exclusion qui se mettra en place : auto exclusion du groupe, de l’accès au savoir. Exclusion par les autres. Blessures qui s’installent et demanderont, suivant la sensibilité de chacun, un travail de réassurance.

Trouver sa place, prendre sa place c’est finalement enfant, adulte, la condition première   de pouvoir exister avec d’autres, d’enclencher des processus dynamiques pour apprendre, pour vivre.

 

Véronique Poutoux, rédactrice en chef. Le 25 septembre 2015.

• Des applications utiles pour les “enfants à risque”

Le site RIRE (Réseau d’informations pour la réussite éducative) publie une courte liste d’applications utiles pour “les enfants à risque” .  A télécharger pour les tablettes (Android ou Ipad).
L’appellation “enfants à risque” n’est pas du tout utilisée en France. Elle rejoint pourtant bien cette idée de “vulnérabilité ” à l’apprentissage.

A voir : http://rire.ctreq.qc.ca/repertoires/ipad/?id=724

• La déclaration d’Incheo. Forum mondial sur l’éducation 2015

L’école inclusive  s’inscrit bien dans cette déclaration finale du forum mondial sur l’éducation organisée par l’Unesco.

Nous retrouvons dans ce texte les valeurs humanistes  qui fondent ce droit à l’éducation pour tous (ETP). Si des efforts ont été déployés, les objectifs  posés précédemment sont loin d’être atteints. Les liens  entre éducation pour tous et développement durable  sont conducteurs pour les actions à mener.

Même si cette déclaration peut sembler  lointaine, elle peut permettre de placer nos actions modestes dans un mouvement plus global et de contribution juste au développement de notre humanité.

A Lire: https://fr.unesco.org/world-education-forum-2015/declaration-dincheon

• Ulis en école, collège et lycée

La circulaire n° 2015-129 du 21-8-2015  instaure les Ulis dans l’enseignement élémentaire et précise leur fonctionnement en école, collège et lycée.

A souligner :

– le rappel de la visée d’une école inclusive depuis la loi de refondation pour l’école qui ” engage tous les acteurs dans une nouvelle conception de la scolarisation des élèves en situation de handicap“.

– Le terme de dispositif omniprésent sans être une seule fois défini. Il est indiqué que ces élèves ont besoin de temps de regroupement dans un autre espace. De même, tant pour l’enseignement élémentaire que secondaire, il est confirmé que les élèves sont inscrits dans leur “classe de référence” correspondant à leur âge.Ils peuvent bénéficier de temps de regroupement en Ulis autant que nécessaire

– L’enseignant coordinateur conduit les actions suivantes:

l’enseignement aux élèves lors des temps de regroupement au sein de l’Ulis ;

la coordination de l’Ulis et les relations avec les partenaires extérieurs ;

le conseil à la communauté éducative en qualité de personne ressource.”

Le rôle de personne ressource est clairement cité, est -il pour autant défini ?

L’expression “besoins éducatifs particuliers” n’apparaît pas. Les élèves qui peuvent bénéficier des Ulis sont “ceux qui, en plus des aménagements et adaptations pédagogiques et des mesures de compensation mis en œuvre par les équipes éducatives, nécessitent un enseignement adapté dans le cadre de regroupements“.
Les élèves qui “nécessitent, sur tous les temps de scolarisation, y compris sur les temps de regroupement, l’accompagnement par une personne chargée d’une aide humaine individuelle ou mutualisée” ne sont pas scolarisés en Ulis.

L’affectation d’un AVSco est possible ; dans ce cas celui-ci fait partie de l’équipe éducative et participe à l’équipe de suivi de scolarisation.

Le grand changement est donc  la nouvelle appellation Ulis pour ce dispositif à l’école. Cela est plus cohérent. Pour autant, le changement de paradigme attendu sera plus long à réaliser d’autant que les référentiels CAPA et 2CA SH ne sont toujours pas modifiés !

A lire sur le site du ministère.

La circulaire remise en page

• Avec un écrivain, devenir “Auteur” … L’aventure se termine…

Après toutes ces séances passées à réfléchir et imaginer l’histoire, nous avons laissé place à l’écriture. Les élèves de l’Ulis ont rédigé leurs différents parcours de l’histoire et le résultat final a été la production d’un recueil reprenant chacun des récits.

Devant les parents, collègues et partenaires, les élèves ont diffusé un film récapitulatif de leur année d’écriture  et ont présenté un powerPoint avec la lecture de quelques passages clés des histoires. Une vraie belle aventure !

Voir le film

• Avec un écrivain, devenir “Auteur” … Journal de Bord… Étapes 7 à 8

Voilà. L’aventure se termine. Comme dans tout projet les surprises sont au rendez-vous et les rebondissements nombreux.

L’écrivain rebondit sur une idée des élèves et leur propose un saut dans le temps et l’espace.

Cette nouvelle abstraction les perd un peu …Mais au final, avec l’aide des schémas, ils transforment l’ile en ville, en imaginant ces quartiers, et leurs personnages en fils et filles des pères fondateurs…

De quoi nourrir l’imaginaire et des notions d’urbanisation, d’histoire, de filiation.
A relire l’ensemble des fiches proposées, c’est la richesse des situations proposées, le fil conducteur qui met ces élèves d’Ulis en Vraie situation d’apprentissage…et de coopération….

séance 7

séance 8

• Lire pour apprendre, lire pour comprendre

L’ IFE ( Institut Français pour l’Éducation)  publie un excellent dossier très actualisé sur la lecture. Tout enseignant, quelle que soit son niveau d’enseignement, et sa discipline devrait lire ce dossier afin de comprendre par quels processus cognitifs, quelles stratégies, quelles difficultés passent tous les apprenants.

Sachant que cet apprentissage fondamental conditionne la suite de la scolarité et explique quand il est difficile et coûteux bien des exclusions à venir et de nombreuses souffrances.

A lire absolument  “ Lire pour apprendre, lire pour comprendre.

• La grande pauvreté et l’école

Un rapport conséquent qui fait peu de bruit dans l’environnement actuel des réformes multiples et des “contre” si bruyants, et pourtant ! Comment ne pas prendre en compte ces données et explorer une réalité qui est si souvent occultée.

Son titre devrait déjà provoquer un sursaut :”Grande pauvreté et réussite scolaire ? Le choix de la solidarité pour la réussite de tous.”

Après avoir décrit et donné des indicateurs sur ce qu’est cette grande pauvreté et combien l’école semble aveugle . Même si cette question ne dépend pas seulement de l’école, nous trouvons dans ce rapport une mise en valeur de pratiques qui œuvrent déjà  à faire que l’école n’exclut pas en sus de ce que la société produit déjà.

Ainsi la partie intitulée  “Les principes d’organisation et de fonctionnement pédagogiques qui semblent les plus efficaces pour une école inclusive.” constitue à la fois cette restitution de pratiques existantes  et cette incitation, une nouvelle fois à les développer.

Sont ainsi pointées la nécessité de la mise en place des cycles, (cela date de 1989 !) et l’attention à porter aux transitions entre niveaux. Pour que les différences entre la langue de l’école et la langue de la maison ( travaux E Beautier/St Monnery)  ne créent pas d’obstacle supplémentaire, une pédagogie explicite est nécessaire ainsi qu’un travail spécifique sur la compréhension.
Autre recommandation:les pratiques de collaboration sont à privilégier, ainsi qu’une évaluation positive… L’éducation culturelle et artistique , l’utilisation des outils informatiques… Bref  finalement, toutes ces réponses pédagogiques et éducatives sont connues mais n’arrivent pas encore à se combiner, se généraliser.

A lire : Rapport_IGEN-mai2015-grande_pauvrete_reussite_scolaire_421527

 

• Aimons-nous assez nos enfants?

Comment ne pas désespérer des résistances toujours à l’œuvre quand il s’agit de changer, de transformer l’école pour qu’elle aille de l’avant, qu’elle soit de son temps et prépare autant que faire se peut des enfants, des jeunes à leur avenir ? Ceux-là mêmes, qui à leur tour prendront leur place dans une évolution qui semble tant s’accélérer que nous avons du mal à penser et campons sans doute sur nos peurs.

Comment ne pas être en colère quand enfin de l’autonomie est donnée aux établissements pour qu’ils puissent répondre mieux aux besoins des jeunes ? Sous la bannière de l’inégalité qui en résulterait, c’est comme un refus de voir que l’école n’est pas égalitaire et que nous pourrions choisir d’aller vers un progrès pour tous si nous décidions de viser une école équitable, qui développerait les talents divers et sortirait d’un formatage garanti par la tradition.

Comment ne pas voir que nous peinons à donner un projet pour l’école car nous ne savons pas lequel dessiner pour notre société ? Que nos pensées se bloquent en idéologies qui séparent, et creusent des tranchées…. Combien de temps encore avant que nous réalisions qu’il y a urgence à  penser au delà de nous, à mobiliser une créativité éducative, pédagogique, systémique ? Certains préfèrent s’enfouir sous les barricades des process administratifs et l’immobilisme passéiste.

Et pourtant, je le crois, je le vois, sur le terrain, il y a des équipes qui inventent, qui osent se saisir des marges de manœuvre possibles pour que de la diversité des situations, des élèves, de leur histoire, de leurs difficultés parfois, naissent d’autres chemins d’apprendre, de penser,de créer. Le plaisir de faire, de vivre ensemble est au rendez-vous …

Alors que le nouveau socle dont nous vous donnons déjà sur le site un outil de présentation et d’analyse, améliore la cohérence, le pilotage de l’enseignement pour les enseignants et pour les équipes, la confusion est là entre réforme du collège, nouveaux programmes et nouveau socle. Comme une paresse à aller chercher, à réfléchir vraiment et une facilité à battre le pavé et décrier tout ce qui touche à l’école élitiste et excluante de notre antiquité.

Ré entendons encore ces lignes d’ H. Arendt …

C’est également avec l’éducation que nous décidons si nous aimons assez nos enfants pour ne pas les rejeter de notre monde, ni les abandonner à eux-mêmes, ni leur enlever leur chance d’entreprendre quelque chose de neuf, quelque chose que nous n’avions pas prévu, mais les préparer à la tâche de renouveler un monde commun.”