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• Être coordonnatrice ULIS en lycée

Nous avons pu avoir un entretien avec Aurélie D.H dont je retranscris ici les grandes lignes de notre échange. Son témoignage montre comment, sur le terrain et suivant les contextes, des évolutions positives sont lisibles et peuvent éclairer les actions possibles d’autres collègues, enseignants, coordonnateurs, chefs d’établissement, inspecteurs… Nous découvrirons aussi les zones de questionnement qui demeurent.

En effet, Aurélie, professeur de lettres-anglais en lycée professionnel, est depuis 7 ans, coordonnatrice d’un dispositif ULIS qui regroupe maintenant 3 lycées, offrant une palette assez large de CAP.

Au départ, elle travaille seule puis peu à peu, d’ajustements en ajustements, le poste va être clairement précisé par les autorités dans un dialogue constructif entre Aurélie et les chefs d’établissement, et sous l’impulsion de la conseillère technique ASH, qui a voulu uniformiser les pratiques au sein de l’Académie. Aujourd’hui, elle dispose d’une lettre de mission qui définit très clairement son travail en 3 axes :

  • Orientation fin de 3eme : Travailler avec les dispositifs ULIS des sept collèges du secteur pour préparer la sortie de 3eme et accompagner les parcours d’élèves qui pourraient bénéficier du dispositif ULIS. Elle participe aux ESS, rencontre les parents, les jeunes ; aide à la préparation des PPO pour les dossiers Affelnet. De même, elle donne une visibilité aux proviseurs de ces orientations en préparant un tableau de bord de ces suivis. Cela lui demande aussi d’aller rencontrer les coordonnateurs des ULIS collège. C’est plutôt de la période de la Toussaint à Noël que se réalise tout ce travail. Parfois, Aurélie a l’impression d’être « briseuse de rêves » dans une position réaliste face aux possibilités de poursuite d’études des jeunes concernés. Cette année sur 27 sortants, 4 vont sans doute aller en IMPRO et 23 en CAP.
  • Scolarisation en ULIS Lycée : il n’y a pas de regroupement en ULIS des élèves. Il s’agit d’aménager au niveau pédagogique le PPS de chaque jeune, de veiller à sa mise en œuvre par les enseignants. Cela demande de travailler régulièrement avec les professeurs principaux, les enseignants en fonction de leur demande, éventuellement en allant observer les élèves en classe. Aurélie travaille aussi avec les DDFPT ( anciens chefs de travaux). Le lien avec les AESH, et les 3 PIAL (pôle inclusif accompagnement localisé) est très important. Cela va de l’élaboration des emplois du temps des AESH à la prise en compte des questions rencontrées par les AESH avec les élèves accompagnés.  Peu à peu, un vrai travail d’équipe se réalise et devient de plus en plus efficace pour les jeunes et leur parcours de formation. Une collaboration étroite avec tous les enseignants référents (ERSH) du secteur est également effective.
  • Orientation post ULIS lycée : Ici se joue l’accompagnement du  » 2eme deuil » pour les parents. « ce ne sera pas un adulte ordinaire… » Entretiens individuels auprès des jeunes, recherche des solutions les mieux adaptées malgré le vide de structures ou de propositions pour les 18-20 ans… Au cours des 7 années, de nombreux partenariats se sont tissés et facilitent grandement les relations, une meilleure prise en compte des jeunes. Aurélie travaille aussi pour que tous les jeunes obtiennent la reconnaissance de travailleur handicapé, ce qui constitue une protection et une reconnaissance de droits.

Des phrases clés pour Aurélie :
« Ne jamais prendre un collègue de front » 
« Je fais du sur mesure » 
« veiller à ce que le projet soit cohérent » …

Des difficultés encore présentes qui peuvent décourager :

  • Les élèves auraient besoin de soutien scolaire, une aide au travail personnel… Un assistant pédagogique devrait être attaché à chaque classe de CAP. Cela compléterait l’action du coordinateur et des AESH… car les CAP sont devenus des classes pour EBP…ULIS ou non.
  • Il y a un vide « béant » pour faire suite au dispositif ULIS Lycée. Les jeunes reconnus en situation de handicap, qui ont entre 18 et 20 ans restent souvent sans proposition… Il faut alors proposer de faire un 2eme CAP en un an, chercher un apprentissage, un contrat professionnel en alternance. … Il y a là un risque de décrochage et de régression fort.
  • Les propositions faites aux élèves avec des troubles du spectre autistique ne sont pas en adéquation avec leurs profils. Ils réussissent bien dans les matières générales et se trouvent souvent dans des CAP qui ne correspondent pas du tout à leurs intérêts et compétences, uniquement car le faible effectif leur convient mieux.

Ce que nous pouvons retenir : le dispositif Ulis -lycées fonctionne vraiment comme une plateforme de propositions de formations. L’académie s’est engagée dans ce sens. Le rôle de l’enseignante est vraiment défini dans cette coordination et la positionne totalement comme personne ressource pour les proviseurs des collèges et des lycées, les enseignants, spécialisés ou non, les AESH, et les parents. Nous voyons aussi comment la stabilité et durabilité du dispositif permet d’entrainer les différents acteurs de l’éducation nationale et les différents partenaires. La construction d’un réseau de partenaires sur le terrain est primordiale et précieuse, pour éviter à tout prix la rupture de parcours.

Liste des CAP répartis sur le département.

• Les équipes éducatives : Renforcer la coopération parents, enseignants

Le cercle d’étude académique “Grande pauvreté et réussite scolaire” de Montpellier, publie en lien avec ATD Quart monde, un livret à destination des équipes et des professionnels.
Cet outil a pour vocation d’être une aide à la réflexion et à l’action pédagogique. L’attention particulière que les professeurs portent aux familles très démunies a pour effet d’interroger leurs postures et leurs pratiques professionnelles pour faire progresser tous les élèves.
Cette recherche est partie d’un constat, partagé par tous (parents et professionnels) de dysfonctionnements et d’insatisfactions lors d’équipes éducatives, et ce, même lorsque la confiance était établie entre l’enseignant et les familles.
Pour mener à bien ce travail, la démarche de “Croisement des savoirs et des pratiques© ”promue et expérimentée par ATD Quart monde a été utilisée. Cette démarche passionnante et fructueuse permet de croiser les savoirs d’expériences des parents (notamment les plus éloignés de l’école) et les savoirs d’actions des équipes et professionnels.

 

 

Pour ce faire, des temps de travail en groupes de pairs ( Parents, enseignants, autres professionnels) autour des difficultés rencontrées et de propositions à faire sont indispensables avant d’arriver aux échanges et partages entre les différents groupes, l’objectif étant de co-construire un outil à destination des professionnels (document rédigé et validé par tous les groupes)
La démarche, les réflexions partagées ainsi que les fiches actions en fin de document pourront être utiles aux équipes qui souhaitent améliorer cette coopération avec les parents, afin de favoriser pour tous une meilleure réussite scolaire.

Livret-Equipes-Educatives_ac-montpellier-ATD

• Des ressources pour les équipes éducatives et les familles

Des adaptations pédagogiques en libre accès !
Nous en avions parlé sur lors de leur création par le ministère, ces deux lieux de ressources numériques continuent à évoluer et même à s’ouvrir sur un public large, au delà des seuls enseignants. 

La plateforme Cap école inclusive

Maintenant ouverte aux familles, la plateforme offre de nombreuses fiches pédagogiques, des films, des podcasts et des liens pour aider à adapter la pédagogie pour les élèves à besoins éducatifs particuliers.

On y trouvera notamment :

  • 50 nouvelles fiches pédagogiques (au total 120 fiches)
  • des films d’animation
  • des ressources pour l’orientation et l’insertion professionnelle des jeunes

Éduscol

Une rubrique spécifique pour les élèves à besoins éducatifs particuliers a été mise en ligne sur Éduscol et est actualisée régulièrement

Toutes les ressources créées lors du confinement y sont répertoriées et mises à la disposition de tous. La page continue de s’enrichir des nombreuses ressources proposées par la communauté éducative.

• Au JO du 18 décembre : formation initiale des enseignants

Le journal Officiel du 18 décembre publie le cahier des charges concernant la formation initiale des futurs enseignants à l’éducation inclusive.

Les compétences communes et professionnelles sont déclinées. En voici un extrait :

Nous y retrouvons de nombreux points sur lesquels nous travaillons. Nous remarquons encore la formule: » connaître les dispositifs et structures inclusifs » avec ce terme de structure qui reste problématique.

Le principe d’accessibilité pédagogique et didactique est posé. Cela demandera d’interroger les contenus de formation dispensés dans les domaines disciplinaires. L’observation et l’analyse des tâches trouvent une place dans ces compétences professionnelles décrites. Pour rappel, voici ce que nous avons souvent développé   sur ce que les enseignants devaient mettre en œuvre pour évoluer vers des classes de plus en plus inclusives.

 

A lire et à travailler certainement pour améliorer toujours et encore la formation initiale et continue des enseignants.

Le cahier des charges à lire.

 

• Déconfinons le handicap !

FranceInfo et l’hebdomadaire Le 1 s’associent pour proposer un rendez-vous, tous les dimanches à 21 heures sur le canal 27 et ses supports numériques. 

Pour ce nouveau numéro de la saison 2, Lucie Chaumette, Julien Bisson et leurs invités s’intéressent à la question du handicap et à la société inclusive largement plébiscitée par les associations et les spécialistes.

Une question / Plusieurs regards :
– Sophie Cluzel,
secrétaire d’Etat chargée des Personnes handicapées
– Charles Gardou, 
anthropologue,  
– Lucile Razet, vice-championne du monde junior du 400 mètres handisport.

Un premier rendez-vous passionnant !

Replay France Info / ouvrez le 1

• Équipes éducatives : comment les préparer ?

Ces réunions se sont généralisées toutes ces dernières années et c’est heureux . Cependant, ce sont des moments importants pour les parents, les enseignants et éducateurs. Certaines maladresses peuvent engendrer des  difficultés importantes  de compréhension mutuelle et peser sur le parcours futur de l’élève. C’est tout un savoir faire qui se construit avec l’expérience et qui nécessite  l’accompagnement des collègues plus chevronnés. C’est ici aussi que les enseignants spécialisés peuvent répondre de cette mission de personne ressource en produisant des outils, guides utiles à tous.  C’est donc ce que nous propose une collègue qui est actuellement en formation pour préparer le CAPPEI.

Voici ses documents. A vous de vous en inspirer, de vous les réapproprier sans doute. Merci à elle.

Le premier tableau concerne la première équipe éducative qui se réunit; ensuite un autre tableau est rempli, ce qui permet d’avoir un suivi partagé avec l’équipe et la famille.  

Tableau 1ère équipe éducative avec les questions à poser version 2019 2020

Tableau équipe éducative 2 et + avec les questions à poser version 2019 2020

Tableau réussites et difficultés cycle 1 2019 2020

Tableau réussites et difficultés cycles 2 et 3 2019 2020

• Oser la pédagogie active !

L’université catholique de Louvain publie le cahier N°13-2020 particulièrement intéressant pour définir ces fameuses pédagogies actives… « Oser la pédagogie active. 4 clés pour accompagner les étudiant-es dans leur activation pédagogique ». Car, il s’agirait plutôt de parler de pédagogie de l’apprentissage actif.

Le livret est conçu pour le  niveau universitaire mais il est tout à fait pertinent et intéressant à lire pour tous les enseignants et peut nous aider à nous interroger sur nos pratiques.  Sa lecture est facile tout en posant des principes connus  de nombreux enseignants mais ce  cahier a le mérite de formaliser une formule parfois « fourre-tout » derrière laquelle chacun peut mettre ce qu’il veut. Par exemple, travailler en plan de travail individualisé peut  contribuer à rendre actif l’apprentissage de l’apprenant mais peut aussi comporter des inconvénients dans l’isolement possible, le manque d’interactions et le rapport au sens de l’apprentissage en cours.

 

Et si la pédagogie active peut sembler aller de soi pour certains,  ce dossier peut fournir une belle base pour analyser ses pratiques replaçant au centre la question de l’activation cognitive. Ainsi les  manipulations souvent proposées à l’école élémentaire sont utiles certes, mais  peuvent seulement sembler mettre en activité les élèves, car si elles ne sont pas assorties d’une activation cognitive, elles ne suffiront pas pour que l’apprenant construise son apprentissage.

Le modèle ICAP ( mode interactif, mode constructif, mode actif , mode passif ) est très éclairant. Soyons attentifs à ne pas nous contenter des seuls modes passif et actifs ( en superficialité) qui constituent un des motifs d’une exclusion qui s’opère silencieusement dans nos classes et qui ne stimule pas assez les élèves à besoins éducatifs particuliers, les laissant dans leur zone  de répétition.

A lire et à réfléchir.

De plus le document est jalonné de QR codes qui renvoie à des capsules vidéos ou des approfondissements.

• Des parents invisibles : l’école face à la précarité familiale

Nous rappelons que l’école inclusive est une école qui tente de ne plus exclure et qui scolarise tous les enfants en répondant au mieux aux besoins de ceux qui pour quelque raison rencontrent des difficultés à l’école.

La précarité, grande précarité, renforcée par cette crise sanitaire est soit totalement présente dans les écoles, soit étrangement ignorée.

Dominique Glasman, propose dans la Revue française de pédagogie, un article qui répondra à de nombreuses questions de terrain sur ces « parents invisibles » que nous cherchons tant à rencontrer. Il propose l’analyse du livre de Pierre Périer « Des parents invisibles, l’école face à la précarité familiale. »(PUF 2019)

A lire, si nous voulons mieux comprendre ce qui se joue pour ces parents.

« Il s’agirait moins de former cadres et enseignants aux «techniques de communication» avec les parents qu’à l’analyse et la compréhension des positions, des logiques, dans lesquelles sont pris les parents, et en particulier ceux des milieux précaires. Ceux-ci souhaitent la réussite de leurs enfants et vivent souvent dans des conditions qui, en dépit des invitations, des appels ou des injonctions de l’école, rendent très difficile d’y répondre ; ils se sentent démunis pour le faire, et n’ont plus, pour se préserver, que la solution du maintien à distance, faisant d’eux des «parents invisibles».

L’article de Dominique Glasman