L’édito du 2 décembre 2014
Que de « chantiers ouverts » par le ministère de l’Éducation nationale… Dans ce clair-obscur de la saison actuelle, il semble pourtant que des lignes enfin convergentes se dessinent, pourront-elles transformer l’École ? Quelles résistances rencontreront-elles ?
L’évaluation : abandonner des pratiques d’évaluation discriminantes et destructrices pour recommander une évaluation positive qui permette d’apprécier les progrès de chacun ; permettre que ces nouvelles pratiques répondent au souci de l’équité et aident à la construction des projets des jeunes… Envisager que la validation du socle valide le brevet des collèges. Rendre à l’évaluation tout son sens dans le processus même de l’apprendre. Trouver les moyens de facilitation du rendre compte indispensable et de la communication constructive pour l’élève et les parents .
La réussite de tous est l’affaire de tous et une école inclusive travaille à une société inclusive. Charles Gardou donnait à son livre paru en 2012 le titre suivant : La société inclusive, parlons-en ! Il n’y a pas de vie minuscule. A l’école, non plus il n’y a pas de vie d’écolier, de vie de collégien, de vie de lycéen minuscule, honteuse, ou cachée. Si notre système scolaire cesse de considérer la norme comme seule référence, s’il abandonne les pratiques sélectives et de compétition, allant en cela à l’encontre des valeurs prônées par des systèmes de concurrence, alors tout parcours scolaire doit être accompagné, valorisé par l’équipe pédagogique.
Le redoublement : le décret 2014-1377 du 18 Novembre 2014 indique les limites de cette pratique. Combien de parcours d’élèves marqués par des redoublements inefficaces et qui produisent ce sentiment d’exclusion si douloureux. La notion de cycle prend alors toute sa place et doit enfin se déployer à tous les niveaux de la scolarité obligatoire.
Dans les propositions sur le socle, enfin, la compétence « apprendre à apprendre » ne serait plus oubliée. Le développement des savoirs et l’utilisation des outils numériques qui créent une nouvelle accessibilité aux savoirs crée cette nécessité absolue d’une prise de conscience par les apprenants de leurs propres stratégies, de leurs manières de s’organiser, d’appréhender des connaissances sans jugement mortifère. Cela conduit à un étonnement partagé de nos richesses dans la diversité., comme une redécouverte de l’humain au cœur de l’apprendre.
Nous portons ensemble la responsabilité de transformer le quotidien de l’école dans des pratiques de bienveillance, mais nous devons aussi mesurer ce que ces propositions actuelles engagent pour le futur. Si la réflexion et le débat sont nécessaires, espérons que les points de vue corporatistes et individualistes ne freineront pas des avancées pour l’école inclusive et pour la société inclusive.
Véronique Poutoux, rédactrice en chef. Décembre 2014.
Voir aussi: Propositions du conseil supérieur des programmes.
Décret 2014-1377 du 18 Novembre 2014:http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000029779752&dateTexte&categorieLien=id