Le rythme scolaire impose son tempo et claironne le temps de la rentrée, ses rituels, ses peurs, ses joies, ses nouveautés, espérons !
Le silence estival permet la maturation et la distance nécessaire pour partir ou repartir vers de nouvelles aventures, car chaque année, même sans coronavirus, comporte ses inattendus, son désir de faire autrement, de faire mieux, du moins je l’espère …
Aussi dans ces quelques jours qui restent, comment préparer cette rentrée ?
D’abord se préparer, soi-même... Être clair avec soi-même sur le choix de ce métier, sur nos motivations profondes, nos convictions, nos envies pour cette année… Peut-être même prendre le temps d’écrire tout cela…
Se préparer en équipe en se donnant là aussi des priorités communes, en créant de nouveaux projets, en posant des bases communes. De nombreux sujets devraient permettre un enrichissement commun et une cohérence éducative. Car au-delà des injonctions, les équipes, suivant leur contexte, peuvent nourrir leur désir d’améliorer ensemble le bien être, le mieux apprendre, le mieux réussir pour tous. Cela demande souvent une vision partagée des objectifs à atteindre qui reposent sur des valeurs qui nécessitent d’être explicitées. Quelle vision avons-nous de la façon de débuter cette année en tenant compte de la crise sanitaire et de la crise économique et sociale qui suit ? Quelles conceptions avons-nous de ce qu’est apprendre, de ce qu’est enseigner, de la place de l’erreur, de l’importance ou pas des relations humaines, du climat de classe que nous voulons créer… Comment relire ensemble cette expérience de la « continuité pédagogique » et en tirer énergie et créativité ? La liste pourrait encore se développer … Or la plupart du temps, les préoccupations se focalisent sur les emplois du temps, la composition des classes, les problèmes de matériel… C’est en somme assez naturel… Mais comment alors être créatif, répondre ensemble aux nombreux défis que la situation de l’année précédente a créé ? Les journées pédagogiques sont des temps précieux pour ce travail de fond et sans doute comme nos voisins italiens, serait-il nécessaire qu’une semaine soit consacrée à cette préparation collective de l’année, des projets interdisciplinaires, d’une vision collégiale et coresponsable de l’organisation au service des élèves, de leur réussite. Car nous l’avons souvent dit, l’école inclusive est une école de la coopération. Comment les adultes d’un établissement scolaire, d’une école montrent-ils leur propre travail coopératif pour pouvoir ensuite le proposer aux élèves ?
Enfin préparer les premiers jours de classe… Qu’ils permettent aux élèves de construire une relation sécure au sein des groupes, avec l’enseignant… Qu’ils impulsent une coopération et non une compétition, le désir d’apprendre ensemble malgré les peurs et les obstacles qui surviendront. Qu’ils soufflent un vent de créativité pour que des points de vue différents s’expriment et s’enrichissent mutuellement.
Il y a tant de possibles aujourd’hui pour articuler rituels sécurisants de la rentrée et scénarios pédagogiques différents ouvrant un espace transformé et transformant si nous voulons mieux vivre ensemble l’école inclusive qui continue de se construire.
Une nouvelle rentrée, c’est une chance, une joie de se retrouver, l’envie secrète pour chacun d’être meilleur avec soi-même, avec les autres. C’est comme l’envie d’un nouveau départ pour continuer de grandir en humanité, avec l’esprit assez large pour penser à tous ceux qui vivent des situations beaucoup plus difficiles… Les écoliers de Beyrouth, ceux du Pérou qui sont encore confinés… Alors que ce « bonne rentrée », même masquée, résonne vraiment de toutes nos aspirations et de tous les possibles.
Véronique Poutoux, rédactrice en chef, 24 Aout 2020.