« Le métier d’enseignant arrive en première place du palmarès des métiers ayant attiré le moins de candidatures au 4e trimestre 2013, selon le baromètre Jobintree2014.«
Triste première place !
Que diriez-vous, enseignants de l’école inclusive, vous tous, qui œuvrez au quotidien auprès des élèves qui sont empêchés d’apprendre pour quelque raison que ce soit ? Trouveriez-vous les mots qui répondraient à ce constat ?
Pas facile, sans doute; car l’environnement médiatique me semble avoir préparé cette « belle » place ! Les actions quotidiennes menées semblent suspectes ou toujours insuffisantes. Comment parler de ce qui tient si fort à cœur, un projet d’éducation, humaniste qui réunit convictions, pratiques, essais, erreurs, travail de relations, transmission et attente des progrès, ceux des élèves mais aussi les nôtres ?
Si être enseignant aujourd’hui c’était se dégager de la norme, c’est à dire de l’idée que l’enseignement se construit sur une normalité présupposée du développement et des processus de l’apprendre. Parce que la plupart des élèves apprennent à lire en CP dans le courant du 2ème trimestre, alors ceux qui n’y parviennent pas deviennent des « problèmes » ! Parce que la plupart des élèves reproduisent ce qui est attendu, combien restent dans l’étonnement de tâches scolaires qui ne font pas sens ?
Si enseigner, ce n’était pas appliquer des protocoles, reproduire ce que nous avons vécu quand nous étions élève, mais chercher à comprendre les terres inconnues que sont les mondes de nos élèves, comme des univers aussi divers qui ne demandent qu’à se révéler. Si enseigner, c’était chercher ces chemins originaux pour développer tous ces potentiels, pour construire un collectif apprenant, prêt à mettre en mouvement toutes ces intelligences dans une dynamique d’organisation des savoirs. Si enseigner, c’était être acteur des évolutions et des mutations si étonnantes que nous vivons, et enfin abandonner cette idée d’une école figée dans le temps.
Pouvons-nous parler de nos enthousiasmes présents et actifs? de ces réussites silencieuses qui germeront plus tard ? Oui, il nous faudrait oser…
- Pour que plus jamais un autre Hugo ne puisse écrire ces lignes :
Maintenant que je suis en CP, je dessine et j’écris des récits avec des humains, je ne termine jamais mes histoires… Je me lasse… J’aimerais savoir parler des humains, mais je n’arrive plus à rassembler mes idées. J’ai l’impression que plus je passe de temps ici, plus je deviens bête. (dans « L’empereur, c’est moi. » Hugo Horiot, Ed. L’Iconoclaste)
- Pour que les futurs professeurs, ces jeunes talents viennent transformer l’école et forts de leur audace professionnelle, montrer au ministère, en proie actuellement aux guerres intestines, qu’une autre école , un autre métier est en route.
Véronique Poutoux, rédactrice en chef du site Vers une école inclusive. Mars 2014.