2017 : quoi de neuf pour l’école inclusive ?
Le Certificat d’aptitude pédagogique aux pratiques de l’éducation inclusive, CAPPEI, arrive, exit le CAPA-SH et le 2CA SH ; l’éducation inclusive est pleinement nommée, exit l’ASH.
Il était temps, puisque malgré la loi de 2005, tous les décrets d’application qui ont suivi, le référentiel de formation du CAPA-SH et du 2CA SH n’avait pas changé, maintenant une différence entre les enseignants du 1er degré et ceux du second degré, les uns obtenant un diplôme, les autres une certification ; maintenant des options qui continuaient ainsi à produire une catégorisation contraire aux principes même de l’école inclusive.
Les nouvelles formations devraient être proposées en septembre. Est-ce une meilleure compréhension de la notion de besoins éducatifs particuliers qui sous-tend ce qui est en préparation ainsi que l’analyse des situations professionnelles de terrain ? Espérons que le texte final sera bien au service de l’éducation inclusive.
Il est à souhaiter que dans les changements politiques qui vont advenir, le paradigme de l’école inclusive continue de faire évoluer les représentations, celles du métier d’enseignant, de la notion de handicap et de difficultés scolaires et celles des relations entre école et société; de promouvoir les logiques environnementales, de non-discrimination, de non catégorisation; de montrer des réalités qui témoignent d’avancées réelles afin que peu à peu les contradictions dans lesquelles nous sommes s’amenuisent. En voici quelques- unes :
- Si la responsabilité des parents est pleinement reconnue, comment expliquer que des parents ne voient pas appliquer à la rentrée scolaire les décisions, ou notifications qui avaient été annoncées ? Si la collaboration avec les parents est devenue réalité, comment expliquer des situations de non-retour et de dialogue interrompu ?
- Si c’est le parcours du jeune en lien avec son projet de vie qui est premier, comment expliquer que certains élèves d’Ulis lycée professionnel se retrouvent inscrits dans une classe de référence qui ne correspond pas du tout à ce qu’ils envisagent pour l’avenir ?
- Si la collaboration entre les établissements médico-spécialisés ou médico-sociaux et les écoles a avancé, comment aller bien plus loin en mutualisant les ressources et les expériences en bannissant toute défiance des uns, vis à vis des autres, en évitant que bien des fois encore l’élève soit l’objet de prises de pouvoir entre adultes ?
- Si la diversité est considérée comme une richesse, alors comment rendre les pratiques pédagogiques adaptées aux besoins des uns et des autres sans perdre le cap du vivre et de l’apprendre ensemble ?
- Si c’est l’évaluation des besoins du jeune en situation qui doit guider les réponses apportées, comment expliquer cette puissance administrative, complexe qui fait entrer les gens dans des cases et maintenir des réponses standardisées, des parcours filières ?
- Si le travail en équipe constitue une nécessité dans le suivi de ces jeunes, comment alors maintenir des organisations qui ne le permettent pas ?
- Si la forme pédagogique héritée de passés lointains est aujourd’hui renouvelée par des pratiques de collaboration, d’interaction, d’usage des nouveaux moyens technologiques, comment alors imaginer d’autres architectures d’écoles qui le permettent ?
- Si le postulat d’éducabilité cognitive et la diversité des profils cognitifs sont assis scientifiquement, comment alors ne pas les rendre actifs au cœur même de la classe ? Au cœur même de la formation initiale et donc de la formation des formateurs ?
Oui, il y a encore bien de l’ouvrage à conduire ensemble en cette nouvelle année!
Parce que nous voulons une éducation qui considère chaque jeune dans tout son potentiel de développement.
Parce que nous voulons que l’école soit un lieu fantastique d’apprendre ensemble qui permette d’expérimenter le bonheur partagé de cette quête de compréhension du monde.
Parce que nous voulons être plus humains, en nous reconnaissant ensemble semblables et différents, forts et vulnérables.
Véronique Poutoux, rédactrice en chef, Janvier 2017.